par Philip Blenkinsop et Alastair Macdonald

BRUXELLES, 29 août (Reuters) - Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, a reproché mardi à la Grande-Bretagne de laisser "énormément de questions" sans réponse sur sa vision des modalités de sa sortie de l'Union européenne.

Les négociateurs britanniques et européens ont commencé mardi matin à Bruxelles un troisième cycle de discussions, étalé sur deux jours, au sujet du Brexit.

A la veille de reprendre ces pourparlers, le chef des négociateurs européens, Michel Barnier, avait déjà exhorté lundi son homologue britannique à "commencer à négocier sérieusement".

Jean-Claude Juncker a répété à son tour mardi que l'UE refusait catégoriquement de discuter de ses futures relations commerciales avec la Grande-Bretagne tant que n'auront pas été définies au préalable les conditions du Brexit, contrairement à ce que souhaiterait Londres.

Le président de la Commission a raillé les différents documents publiés au cours de l'été par la Grande-Bretagne et qui, selon le gouvernement de Theresa May, constituent une réponse sérieuse aux propositions détaillées formulées par les 27 autres Etats membres de l'UE.

"Je voudrais être tout de même très clair. J'ai lu avec l'attention requise tous les papiers proférés, produits par le gouvernement de Sa Majesté; aucun ne me donne vraiment satisfaction, donc il y a énormément de questions qui restent à régler", a dit Jean-Claude Juncker aux ambassadeurs de l'UE réunis à Bruxelles pour leur conférence annuelle.

Parmi ces questions figurent notamment le sort des expatriés européens en Grande-Bretagne et britanniques dans l'UE et "les problèmes frontaliers" entre l'Irlande, membre de l'UE, et l'Irlande du Nord, qui appartient au Royaume-Uni, a-t-il précisé.

LONDRES SE SENT EN POSITION FAVORABLE

"Il doit être ultra-clair que nous n'entamerons aucune négociation sur la poursuite des événements – je veux dire par là sur les nouvelles relations notamment économiques, commerciales, entre le Royaume-Uni et l'Europe avant que ne soient résolues toutes les questions qui ont trait (...) au divorce entre l'Union européenne et le Royaume-Uni", a insisté le président de l'exécutif européen.

"On ne peut pas mélanger les genres", a-t-il poursuivi, en soulignant que Michel Barnier avait reçu des instructions fermes de la part des Vingt-Sept sur le calendrier des négociations même si certains points ne pourront être totalement réglés tant qu'un accord n'aura pas été conclu sur les futures relations commerciales.

" (...) le Conseil européen, suite à la proposition de la Commission, a été ultra-clair: d'abord régler le passé avant d'envisager l'avenir", a-t-il dit.

Autre question épineuse, celle de la facture du divorce qui, selon Jean-Claude Juncker, pourrait s'élever à environ 60 milliards d'euros pour la Grande-Bretagne, un montant jugé inacceptable à Londres.

Malgré la fermeté affichée des Européens, les responsables britanniques minimisent les tensions et ils ont qualifié de cordial et constructif l'entretien d'une heure qu'ont eu lundi Michel Barnier et le ministre britannique du Brexit, David Davis.

Une porte-parole de Theresa May a même déclaré mardi que la Grande-Bretagne avait l'impression d'être en bonne posture dans ses négociations avec l'UE et qu'elle espérait parvenir à un accord d'ici le prochain sommet européen en octobre afin de passer aux discussions sur les futures relations entre les deux parties.

"Nous pensons que nous sommes dans une bonne position et nous aimerions passer aux discussions sur notre future relation", a dit cette porte-parole. "Nous croyons qu'il faut que l'UE fasse preuve de plus d'imagination et de souplesse au sujet de ces discussions."

David Davis doit revenir mercredi soir à Bruxelles et participer jeudi à une conférence de presse avec Michel Barnier pour rendre compte des éventuels progrès réalisés au cours du troisième cycle de négociations. (Bertrand Boucey pour le service français, édité par Jean-Stéphane Brosse)