(Actualisé avec précisions, contexte)

par Alexander Winning

MOSCOU, 27 février (Reuters) - L'opposant russe Boris Nemtsov, un ancien vice-Premier ministre de Boris Eltsine et un critique virulent de Vladimir Poutine, a été abattu vendredi dans le centre de Moscou, à quelques mètres du Kremlin.

Agé de 55 ans, Boris Nemtsov a reçu quatre coups de feu dans le dos, a précisé le ministère de l'Intérieur.

Une porte-parole des forces de police a ajouté qu'il traversait un pont enjambant la rivière Moskova en compagnie d'une femme ukrainienne.

Le président russe Vladimir Poutine a condamné le meurtre de Boris Nemtsov, ajoutant avoir placé l'enquête sous son ordre et suggérant qu'il a pu s'agir d'un "contrat" et d'une "provocation" juste avant une grande manifestation de l'opposition que devait mener la victime dimanche à Moscou.

Des voitures de police ont bloqué les accès au pont, situé non loin des murs rouges du Kremlin et de la Place rouge. Une ambulance se trouvait sur le lieu du crime.

"Nemtsov B.E. est mort à 23h40 à la suite de quatre coups de feu reçus dans le dos", a dit par téléphone une porte-parole du ministère de l'Intérieur.

Un porte-parole de la police a dit que les coups de feu sur Boris Nemtsov avaient tirés d'une voiture blanche en mouvement qui a aussitôt pris la fuite.

"Qu'un dirigeant de l'opposition puisse être abattu à côté des murs du Kremlin dépasse l'imagination. Il n'y a qu'une seule explication possible : il a été tué pour avoir dit la vérité", a déclaré Mikhaïl Kasianov, un autre responsable de l'opposition.

Ce dernier, qui a été Premier ministre de Vladimir Poutine, a qualifié Boris Nemtsov de "combattant pour la vérité".

Le président américain Barack Obama a condamné "le meurtre brutal" de l'opposant russe, appelant Moscou à mener "rapidement une enquête impartiale et transparente" et à faire en sorte que "les responsables soient traduits en justice".

OPPOSÉ À LA GUERRE EN UKRAINE

Boris Nemtsov avait été cité comme se disant inquiet de ce que le président russe souhaitait peut-être sa mort en raison de son opposition au conflit qui fait rage dans l'est de l'Ukraine.

L'objet de la marche de dimanche était de protester contre conflit, qui a vu des rebelles pro-russes s'emparer de vastes territoires dans la région.

Dmitry Peskov, porte-parole de Vladimir Poutine, a dit à des agences de presse russes que le président avait fait état de ses condoléances et qu'il avait ordonné aux agences de sécurité de mener l'enquête.

Une autre figure de proue de l'opposition, Ksenia Sobchak, a dit que Boris Nemtsov était en train de travailler sur un rapport attestant de la présence de forces armées russes en Ukraine.

Le Kremlin n'a cessé de dementir des allégations faites par Kiev et l'Occident disant que le pays a envoyé de troupes en Ukraine et fourni des armements aux rebelles.

Comme d'autres membres de l'opposition, Boris Nemtsov était également parti en lutte contre la corruption. Dans des rapports précédents, il avait dénoncé le coût pharaonique des Jeux olympiques d'hiver de Sotchi et dressé la liste de nombreux bâtiments publics, hélicoptères et avions mis à la disposition de Vladimir Poutine.

Boris Nemtsov avait été à la tête des vastes mouvements de protestation qui avaient eu lieu au cours de l'hiver 2011-2012, la plus vive contestation de Vladimir Poutine depuis son arrivée au pouvoir en 2000.

A la fin des années 1990, Boris Nemtsov avait été brièvement vice-Premier ministre sous la présidence de Boris Eltsine. Sa réputation de réformateur libéral remonte à cette époque. (Avec la contribution de Vladimir Soldatkin,; Nicolas Delame et Benoît Van Overstraeten pour le service français)