1)   L’hégémonie du dollar

La hausse du billet vert nuit à la demande des métaux précieux. Ce dernier se trouve dopé par une double action de la part des banques centrales. Ce fut, tout d’abord, la perspective de normalisation de la Fed qui a entrainé les cambistes à augmenter leurs positions longues sur la devise américaine.  De plus, les récentes mesures quantitatives japonaises (BOJ) et européennes (BCE) devraient renforcer son hégémonie. Cette perspective trouve un argument supplémentaire avec la situation du franc suisse et du yen habituellement « monnaies refuges » qui se trouvent bloqués à la hausse par leur banque centrale.
L’avancée du dollar a, par conséquent, fortement dégradé l’équilibre sur les matières premières et plus particulièrement les métaux précieux.

2)  Baisse des prix dans la sphère économique

Un environnement plus favorable aux actions et à la prise de risque, qu’à la thésaurisation dans les matières précieuses refuges, a poussé les investisseurs à s’en écarter. La faiblesse de l’inflation sur une grande majorité de la planète, et surtout dans les pays à fort pouvoir d’achat n’incite pas les épargnants à protéger leur capital par des investissements de métaux précieux. Il faut dire que les taux réels bas favorisent les marchés actions et qu’il existe un réel lien statistique et graphique entre le prix de l’or et les taux d’intérêts réels. Ces dernières années, la politique laxiste de la Fed avait permis d’espérer un retour de l’inflation, ce qui a influencé positivement les prix de l’or et l’argent.
Aujourd’hui, les investisseurs s’écartent de ces deux métaux qui ne rapportent rien et qui peuvent même coûter en stockage.

3)   La situation structurelle du stock d’or

Les sociétés minières possèdent globalement des situations financières fragiles ; ces dernières ont vu leurs propres actions plus baisser que le métal et vendent, par anticipation, leur production afin de se protéger contre une nouvelle dégradation des prix ; le schéma de la spirale négative s’intensifie.
A l’image de SPDR, le plus grand fonds détenteur d’or au monde qui a réduit ses actifs aurifères à 742 tonnes, soit un plus bas depuis 6 ans, la marché reste structurellement vendeur.

Même si les banques centrales, qui ne détiennent que 20 % des stocks mondiaux, ne montrent pas de manière ostentatoire des signes de renforcement du métal doré, il conviendra de suivre de près leurs futurs agissements. C’est le cas notamment de la Chine, historiquement créancière de la dette américaine, et qui réduit son exposition en dollars depuis 2011, date du premier relèvement de la dette américaine. Résultat, Pékin est devenu structurellement vendeur de ces billets verts accumulés lors d’excédents commerciaux. La Chine a-t-elle acheté de l’or en compensation ? Pékin ne donne plus d’indications sur ses réserves d’or depuis cinq ans, période où sa réserve de métal doré était estimée à 1000 tonnes (pour un stock mondial de 150 000 tonnes). Par conséquent, des achats à bon compte pourraient intervenir soudainement, si ce n’est pas déjà le cas.

Il conviendra également de connaitre la position de la BNS, après le référendum suisse du 30 novembre prochain qui pourrait l’inciter à relever son taux de détention à 20 % d’or dans son bilan.  

 
L’or et l’argent ne scintillent plus aux yeux des investisseurs. Les prix des deux contrats affichent une performance négative pour la deuxième année consécutive avec une baisse, pour 2014, de 5 % pour le métal doré et de 20 % pour le sous-jacent gris. Depuis, les plus hauts de 2011, c’est 40% de baisse pour l’or et 70 % pour l’argent.
Les différentes thématiques énoncées justifient le comportement baissier des métaux précieux. La durabilité de ces causes laisse penser que la brillance de l’or et de l’argent risque d’être encore ternie pour quelques mois. A moins que certaines banques centrales agissent  à contre-sens pour diversifier leurs bilans. L’attitude sera-t-elle psychologiquement forte ? On peut encore en douter, à ce jour.