Jeanne Asséraf-Bitton, directrice de la recherche multi-actifs de Lyxor AM, constate dans une récente note le " sang-froid " dont les investisseurs font preuve face au risque politique. " Depuis le vote sur le Brexit, la plupart des marchés d'actions ont enregistré des gains à deux chiffres, la volatilité implicite entre les actifs est tombée pour venir flirter avec ses plus bas historiques et les traditionnelles valeurs-refuges ont cédé du terrain ", note-t-elle. Et pour l'experte, l'explication tient dans la persistance de politiques monétaires accommodantes.

"Nous anticipons le scénario suivant : Mario Draghi poursuit son programme de QE jusqu'à la fin de l'année, puis entreprend en 2018 et 2019 un "tapering" modéré. Les taux reviendraient en territoire positif d'ici 2020, et les taux de dépôt remonteraient peut-être même plus tôt", indique Jeanne Asséraf-Bitton, de Lyxor.

L'une des raisons de la prudence dont la BCE devrait faire preuve tient au rythme de la reflation qui doit encore se confirmer. Certes, l'actualité sur le front macroéconomique s'améliore, laissant entrevoir une reprise à l'échelon mondial. Les PMI de mars ont atteint leur apogée depuis l'éclatement de la crise financière, pointant vers une croissance proche des 3%. Le marché de l'emploi poursuit son rétablissement, au même titre que la confiance. L'on notera également que les estimations du consensus en matière de croissance dans la zone euro en 2017 n'ont cessé d'être revues à la hausse depuis l'été dernier.

Toutefois, "si la progression de l'activité paraît claire, il semble encore trop tôt pour parler d'accélération de l'inflation. Si l'on se fie aux mesures implicites de marché, les anticipations d'inflation ont reculé à 1,6%. Les effets de base liés au pétrole s'estompent et la croissance des salaires poursuit sa tendance baissière. A l'évidence, la faiblesse de l'euro et la reprise de l'activité de crédit pourraient en partie doper l'inflation", précise la directrice de la recherche multi-actifs de Lyxor AM.