Le montant global des opérations de fusions et acquisitions (M&A) est ressorti à 3.270 milliards de dollars en décembre 2014, en hausse de 40% par rapport à la même période de 2013. Cette année-là, le marché a été marqué par un repli de 5,9% de la valeur des opérations annoncées à 2.393 milliards de dollars, soit un plus bas de 4 ans, après une stabilité en 2011 et 2012. Le montant global des fusions acquisitions a ainsi bondi cette année, atteignant son plus haut depuis 2007, où il avait culminé à 4.120 milliards de dollars, dopé par le boom de rachats d’entreprises par endettement.

La vague des M&A déferle également dans l’hexagone. Au total, 96 milliards d'euros d'opérations étaient annoncées pour le premier semestre 2014,  le marché français se révélant quatre fois plus actif qu'à la même période de 2013.  
 

Plusieurs facteurs à l’origine de cette impulsion:

De prime abord, la compétition accrue et la quête perpétuelle du ‘’leadership’’ poussent les acteurs d’un secteur donné à suivre l’exemple de leur concurrents lorsqu’ils réalisent un ‘deal’ d’envergure.  

Aussi, la recherche de la croissance externe dans le but d’échapper à l’asthénie des économies locales incite certains à se rapprocher d’autres sociétés pour profiter du dynamisme de marchés étrangers tels que les Etats-Unis.

Les capacités de manœuvres retrouvées des entreprises constituent un autre facteur en faveur des fusions-acquisitions. Les taux d’intérêt sont bas depuis la crise de 2008. Les entreprises possèdent aujourd’hui des capacités pour lancer des opérations, après avoir émis beaucoup d’obligations et sécurisé leur bilan. En effet, selon Crédit-Suisse, près des trois quarts des groupes américains et plus de la moitié des sociétés européennes "affichent un endettement net anormalement bas". L’écart entre ces niveaux et la moyenne historique des 20 dernières années offre aux sociétés américaines et européennes une force de frappe financière supplémentaire de 2.300 milliards de dollars.

Enfin, les analystes affirment que le marché des M&A suit l’évolution de la Bourse, avec un an de décalage en général. La bonne tenue des marchés actions en 2013 et cette année a soutenu la floraison des opérations. En effet, les périodes de reprises sont les plus propices aux rapprochements, car même si les valorisations y sont moins attrayantes qu’en bas de cycle, la situation est moins incertaine et la confiance des chefs d’entreprise ainsi que des actionnaires culmine. D’autre part, les sociétés ont aussi besoin d'avoir elles-mêmes une valorisation forte si le paiement se fait en titres. Les niveaux de valorisation actuels permettent de satisfaire à la fois les acheteurs et les vendeurs.
 

Analyse sectorielle:

Télécoms (AT&T-DirecTV/ $67 milliards), santé (Valeant-Allergan/ $66 milliards), énergie (Halliburton-Baker Hughes/ $35 milliards) figurent en tête des secteurs au sein desquels les 'deals' ont fait preuve du plus fort dynamisme cette année. Les analystes estiment que la vivacité des fusions-acquisitions au sein de ces secteurs devrait persister en 2015.
 
  
Le graphique suivant compare l’évolution de la capitalisation de l’indice boursier mondial ‘’Bloomberg World Exchange’’ (en blanc), avec l’évolution de la valeur totale des fusions-acquisition à l’échelle mondial (en jaune):

 

Nous pouvons observer la covariance de ces deux composantes: la valeur des fusions-acquisitions suit l’évolution de la bourse. Les marchés actions s’inscrivent dans une tendance haussière actuellement, les M&A devraient donc poursuivre leur essor pour décrocher de nouveaux records dans les années à venir.