SANDHURST, Angleterre, 18 janvier (Reuters) - Emmanuel Macron et Theresa May ont annoncé jeudi un renforcement de la collaboration franco-britannique dans les domaines de la défense et des migrations, avec la signature d'un traité complétant les accords du Touquet en particulier.

La Première ministre britannique a annoncé que son pays affecterait trois hélicoptères Chinook pour soutenir les opérations militaires françaises au Sahel, à l'issue d'un sommet franco-britannique à l'Académie royale militaire de Sandhurst.

Elle a vanté au côté du président français la "relation forte et profonde" entre les deux pays, deux plus grandes puissances militaires européennes, dont la collaboration est selon elle "critique" pour la sécurité de l'Europe.

Le Royaume-Uni s'est parallèlement engagé à verser plusieurs dizaines de millions d'euros pour soutenir les initiatives pour le développement au Sahel.

La force expéditionnaire conjointe mise en place dans le cadre de l'Otan sera capable de mobiliser 10.000 hommes à partir de 2020, a par ailleurs souligné Theresa May.

Emmanuel Macron a annoncé que des soldats français seraient déployés en 2019 en Estonie au sein du contingent britannique, pour faire face à toute menace venant de Russie.

Le Royaume-Uni s'est engagé à soutenir financièrement le renforcement de la sécurité de ses frontières installées sur le sol français, en particulier à Calais (Pas-de-Calais).

Ces 44,5 millions de livres (50 millions d'euros) financeront notamment des caméras de surveillance, des équipements à infra-rouge et des barrières.

Emmanuel Macron a quant à lui insisté sur la signature entre les deux pays d'un traité de Sandhurst, complétant celui du Touquet, qui doit accélérer la gestion de l'accueil des migrants pouvant prétendre à être accueilli au Royaume-Uni.

"Ce traité va nous permettra pour l’ensemble des personnes en situation de vouloir traverser le Channel de réduire drastiquement les délais : de six mois à 30 jours pour les majeurs et de six mois à 25 jours pour les mineurs non accompagnés" qui ont de la famille en Grande-Bretagne, a-t-il dit.

"Je pense que ce traité va nous permettre de changer en profondeur les choses", a-t-il ajouté. "C'est pour moi une avancée majeure."

La coopération "unique" entre les services de renseignements britanniques et français sera renforcée, a souligné Theresa May.

Des accords ont été signés dans la recherche, l'éducation, le nucléaire civile et la coopération entre acteurs économiques.

La tapisserie de Bayeux sera prêtée au Royaume-Uni en 2022, a ajouté Theresa May, l'Elysée ayant auparavant précisé qu'il faudrait auparavant la restaurer.

Interrogé sur le Brexit, Emmanuel Macron a déclaré qu'il ne pourrait y avoir un accès différencié au marché unique européen pour les services financiers, tandis que Theresa May s'est dite convaincue que la City de Londres resterait un centre financier mondial majeur.

"A aucun moment" les sujets bilatéraux et les négociations du Brexit n'ont été liés dans les discussions du sommet franco-britannique ce jeudi, a précisé Emmanuel Macron, rappelant que Michel Barnier était le seul négociateur côté européen. (Elizabeth Piper à Sandhurst et Jean-Baptiste Vey à Paris, édité par Yves Clarisse)