* Le chef de l'Etat fait ses premiers pas à l'international

* Déjeuner de travail "positif" et "pragmatique" avec Trump

* Rencontre avec Erdogan et Juncker avant un mini-sommet de l'Otan

* Macron se défend d'être un "eurobéat" (Actualisé tout du long avec nouvelles déclarations, précisions)

par Marine Pennetier

BRUXELLES, 25 mai (Reuters) - Emmanuel Macron a fait ses premiers pas sur la scène internationale jeudi à Bruxelles, où il a enchaîné les rencontres bilatérales en marge d'un mini-sommet de l'Otan, l'occasion pour lui d'asseoir sa stature internationale et de tenter de se positionner face aux Etats-Unis.

Le nouveau président français a rencontré en l'espace de quelques heures cinq dirigeants, dont ses homologues turc et américain, Recep Tayyip Erdogan et Donald Trump, avant de s'envoler pour un G7, prévu vendredi et samedi en Sicile.

Ce marathon dans la capitale belge devait s'achever dans la soirée par un entretien avec le chef de l'Etat polonais, Andrzej Duda, sur fond de froid diplomatique entre Paris et Varsovie depuis octobre, à l'issue d'un dîner de travail des Etats membres de l'Alliance atlantique.

Cette journée a été marquée par une poignée de main vigoureuse, longuement commentée des deux côtés de l'Atlantique, entre Emmanuel Macron et Donald Trump à la résidence de l'ambassadeur des Etats-Unis.

Prévu depuis quelques semaines, le déjeuner de travail entre les deux dirigeants a été l'occasion, selon Emmanuel Macron, d'un "long échange", "extrêmement direct et très franc" entre les deux alliés, engagés côte-à-côte dans la lutte contre les djihadistes sur le théâtre irako-syrien et dans le Sahel.

"Je dirais que le coeur de nos échanges fut le pragmatisme", a-t-il déclaré. "Il y a des sujets sur lesquels nous n'avons pas forcement la même lecture, (...) mais nous avons pu échanger de manière extrêmement directe avec une volonté affichée de renforcer notre partenariat".

Donald Trump, qui était accompagné de sa femme Melania, a de son côté félicité son homologue pour sa "campagne incroyable" et sa "formidable victoire" à l'élection présidentielle, assurant, selon des propos rapportés par l'Elysée, que c'était sur lui qu'il avait parié durant la campagne ("you were my guy").

"DES DIFFERENCES MAIS PAS DES DESACCORDS"

A la veille du sommet du G7 en Sicile, dont la France espère des engagements "ambitieux" en faveur du climat, le chef de l'Etat français a tenté de convaincre Donald Trump de ne pas "annuler", comme il l'avait promis pendant la campagne, l'accord de Paris, conclu en décembre 2015 après d'âpres négociations.

"Le président Trump a redit qu'il n'avait pas encore pris sa décision sur le sujet, il a expliqué qu'il avait de fortes pressions en interne pour sortir de l'accord", a-t-on indiqué côté français. "Il a été à l'écoute, une discussion s'est engagée, il a dit : 'on a des différences mais pas des désaccords'" sur cette question.

Peu avant le déjeuner Macron-Trump, la discussion avec Recep Tayyip Erdogan, dont les relations avec l'Union européenne se sont dégradées depuis la tentative de coup d'Etat du 15 juillet dernier et la vague d'arrestations qui a suivi, s'est déroulée à huis clos.

Les deux chefs d'Etat se sont accordés "pour travailler ensemble sur la lutte contre le terrorisme dans toutes ses formes. Les deux présidents ont souhaité renforcer leurs consultations sur la Syrie", a-t-on précisé dans l'entourage d'Emmanuel Macron.

De même source, on ajoute qu'Emmanuel Macron a mis sur la table le sort du photojournaliste français Mathias Depardon, arrêté le 8 mai dans le sud-est de la Turquie et qui a entamé depuis plusieurs jours une grève de la faim.

"Le président turc a indiqué qu'il examinerait rapidement sa situation", dit-on encore.

TRAVAILLEURS DETACHES

L'Europe était également au menu de la journée d'Emmanuel Macron, qui a rencontré le Premier ministre belge, Charles Michel, et le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, pour la première fois depuis son entrée à l'Elysée.

Avec Charles Michel, Emmanuel Macron a souligné la nécessité de mettre en oeuvre ce qu'il a appelé un "agenda de protection".

"Il y a tout une partie du peuple européen, nos classes moyennes et nos classes populaires, qui doutent, qui ont pu douter de nombre de nos gouvernements et qui doutent parfois de l'Europe", a dit le président français lors d'une déclaration à la presse.

"Parce qu'elles ont le sentiment que nous ne le protégeons plus face aux grands risques du cours du monde", a-t-il pousruivi.

L'Europe doit donc "protéger nos travailleurs les plus fragiles", "travailler pour l'harmonisation de nos droits sociaux", "l'harmonisation fiscale", "la protection de nos industries et de nos travailleurs face aux dérèglements du commerce international" et agir pour "la protection face à le menace terroriste", a insisté Emmanuel Macron.

Le chef de l'Etat, qui a fait de la relance de l'Europe une priorité de son quinquennat, s'est défendu, aux côtés de Jean-Claude Juncker, d'être un "eurobéat".

"Je vous le confirme, vous aurez un allié sur tout ce qui rend plus forte l'Europe, sur tout ce qui la rend plus intelligible pour nos concitoyens", a-t-il dit au président de la Commission européenne lors d'une conférence de presse.

"Je suis favorable à l'Europe, cela ne veut pas dire que je suis eurobéat", a-t-il ajouté.

Aux chefs d'Etat et de gouvernement de l'Otan, Emmanuel Macron a par ailleurs assuré que la France continuerait à "assumer pleinement sa place", "celle d'un allié certes exigeant mais aussi fiable, solide et crédible", a-t-on dit dans son entourage.

Le deuxième acte de cette séquence diplomatique se jouera en Sicile, dans le cadre du G7, avant une rencontre lundi à Paris avec le président russe, Vladimir Poutine, qui marquera les 300 ans des relations diplomatiques entre les deux pays. (Edité par Simon Carraud)