MOSCOU, 8 février (Reuters) - La police russe a dispersé lundi des épargnants endettés en dollars qui s'étaient rassemblés devant le siège de la Banque centrale, à Moscou, pour protester contre les effets de la chute du rouble sur leurs remboursements.

Une dizaine de personnes ont été interpellées, précise un journaliste de Reuters.

Les manifestants, une centaine, réclament la conversion en roubles d'emprunts qu'ils ont contracté en dollars ou en euros ou l'application d'un taux de change protecteur.

Car la chute sévère de la devise russe ces dix-huit derniers mois a eu pour effet de pousser à la hausse leurs remboursements. Depuis septembre 2014, du fait de la chute des cours du pétrole et des sanctions imposées par les Occidentaux en réaction à la politique de la Russie en Ukraine, le rouble a perdu plus de la moitié de sa valeur face au dollar.

Pour les milliers d'épargnants russes, payés en roubles mais qui ont contracté des emprunts en devises étrangères, ce décrochage se traduit par une augmentation mécanique de la part de leurs revenus qu'ils consacrent chaque mois au remboursement de leur dette.

Les premières manifestations remontent à fin 2014. En janvier 2015, la banque centrale de Russie a recommandé aux banques de convertir en roubles les crédits libellés en dollar en utilisant un taux de change plus favorable. Mais ces recommandations n'ont pas de caractère obligatoire.

Le nombre de foyers concernés n'est pas connu précisément. La banque centrale ne tient pas les statistiques des Russes ayant contracté des emprunts en devises étrangères, les banques parlent de 20.000 personnes, une association de défense des épargnants en mentionne plus de 70.000.

Croisés lors d'une précédente manifestation, la semaine dernière, Kirill et Zlata Fateev expliquaient ainsi avoir pris en 2007 un crédit sur dix ans en dollar. Le taux de change était alors de 25 roubles pour un dollar. En janvier dernier, il est tombé à 85 roubles pour un dollar. Lundi soir, il était à un peu moins de 79 roubles pour un. Leurs intérêts, à l'époque avantageux, sont restés inchangés, autour de 10%.

Le couple ne s'achète plus de vêtements, ne s'autorise plus de sorties et a réduit son budget nourritures.

Une autre épargnante expliquait elle que ses traites mensuelles sont passées en sept ans de 40.000 à près de 90.000 roubles. "Nous voulons rembourser nos crédits sur la base du taux de change qui prévalait au moment où nous avons signé nos contrats. Les autorités, notre gouvernement, doivent le voir", ajoutait Yelena Lebedenko, qui disait craindre de perdre son logement. (Elena Fabrichnaya avec Alexander Winning; Henri-Pierre André pour le service français)