TUNIS, 17 septembre (Reuters) - Des centaines de Tunisiens ont manifesté samedi dans les rues de la capitale pour protester contre une loi votée mercredi par le Parlement qui garantit aux responsables du régime de Zine el Abidine Ben Ali impliqués dans des affaires de corruption de ne pas être poursuivis en justice.

Aux cris de "Non au pardon" ou "Résistance à la mafia", quelque 1.500 personnes brandissant des drapeaux tunisiens ont défilé sur l'avenue Habib Bourguiba aux côtés de dirigeants de l'opposition pour dénoncer la loi d'amnistie.

Après des mois de manifestations, le Parlement a amendé le projet de loi sur la "réconciliation économique" qui étendait à l'origine l'amnistie aux hommes d'affaires corrompus mais cela n'a pas suffi à calmer la colère des militants qui ont mené la "révolution du Jasmin" en 2011.

"La contre-révolution est aujourd'hui dirigée par le président de la République", a déclaré à Reuters Hamma Hammami, dirigeant du Front populaire. "Le peuple est redescendu dans la rue aujourd'hui, comme avant la révolution, et il ne restera pas silencieux face au système corrompu."

Les partis Ennahda et Nidaa Tounes ont soutenu le projet de loi présenté par le président Béji Caïd Essebsi, lui-même ancien cadre du régime Ben Ali.

D'après les autorités, cette loi va permettre de tourner la page du passé, de favoriser l'investissement et de rassurer les anciens responsables du pouvoir et de l'administration menacés de poursuites.

(Tarek Amara; Tangi Salaün pour le service français)