* Les résultats du scrutin de samedi sont très serrés

* Le décompte définitif pourrait prendre plus d'une semaine

* Le PM sortant pense pouvoir néanmoins former le gouvernement

* Peut-être une enquête de la police après des textos suspects (Actualisé avec possible enquête de la police sur des textos du Labour, précisions)

par Jonathan Barrett et Tom Westbrook

SYDNEY, 3 juillet (Reuters) - Les marchandages politiques ont commencé dimanche en Australie pour tenter de sortir de l'impasse après les premiers résultats des élections parlementaires anticipées de samedi qui n'ont pas permis de donner la majorité absolue ni à la droite sortante ni à l'opposition travailliste.

Le Premier ministre sortant et chef du Parti libéral Malcolm Turnbull, qui gouverne avec le soutien du Parti national, avait dissous en mai les deux chambres du Parlement, dans l'espoir d'obtenir une majorité stable et les coudées franches pour mettre en oeuvre son programme de réformes économiques. L'Australie a connu quatre Premiers ministres en trois ans.

Or, d'après les projections de la Commission électorale après dépouillement d'environ deux tiers des bulletins de vote, la Coalition libérale-nationale du Premier ministre devrait obtenir 67 députés à la Chambre des représentants et le Labour 71, tandis que cinq sièges iraient aux indépendants et aux Verts. Sept sièges restent à pourvoir.

S'ils veulent gouverner, la Coalition libérale-nationale et le Parti travailliste ont besoin de 76 sièges sur les 150 que compte la Chambre des représentants.

Les deux formations vont donc devoir obtenir le soutien des petits partis ou des élus indépendants pour pouvoir gouverner.

Malcolm Turnbull a dit s'estimer en mesure de rester au pouvoir pour un nouveau mandat de trois ans. Il a dit avoir déjà pris langue avec les petits partis.

"Nous cherchons toujours à travailler de façon constructive avec tous les membres du Parlement comme nous avons, de fait, cherché à le faire par le passé", a déclaré Malcolm Turnbull.

Bill Shorten, le chef du Parti travailliste, a pour sa part déclaré que les Australiens avaient rejeté sans équivoque les réformes économiques voulues par le Premier ministre, comme la baisse des dépenses de santé et la baisse de 50 milliards de dollars (33 milliards d'euros) de l'impôt sur les sociétés prévue sur dix ans.

"CLAIREMENT UN PERDANT"

"Ce dont je suis particulièrement sûr est que, si nous ne savons pas qui est le gagnant, il y a clairement un perdant : le programme de Malcolm Turnbull pour l'Australie et ses efforts pour réduire les dépenses sociales", a déclaré Bill Shorten.

La police a annoncé envisager d'ouvrir une enquête sur plusieurs milliers de textos envoyés aux électeurs samedi par le Parti travailliste, qui étaient présentés comme émanant du service public de santé Medicare et qui avertissaient que ces services seraient privatisés par un gouvernement de droite.

Malcolm Turnbull a évoqué "un acte extraordinairement malhonnête". La branche du Labour dans l'Etat de Queensland a dit avoir envoyé les textos mais qu'il n'avait pas été prévu qu'ils apparaissent comme envoyé par Medicare.

Les opérations de dépouillement du scrutin de samedi pourrait prendre une semaine, voire plus.

Confirmant que des marchandages étaient déjà en cours, l'indépendant Andrew Wilkie a déclaré que Malcolm Turnbull l'avait appelé pour "ouvrir les lignes de communication".

Parmi les indépendants, le sénateur centriste Nick Xenophon, qui a fait savoir qu'il voulait bloquer la baisse de 50 milliards de dollars australiens de l'impôt sur les sociétés, a déclaré : "Nous devons travailler en coopération pour le bien de la nation", a déclaré Nick Xenophon.

Stirling Griff, un candidat de la Nick Xenophon Team qui devrait obtenir un siège au Sénat, a fait savoir que le parti était en train de faire la liste de ses souhaits pour les négociations après avoir été pris de cours par la contre-performance des candidats de la coalition au pouvoir.

Au Sénat, la formation One Nation de la candidate anti-immigration Pauline Hanson pourrait obtenir entre deux et quatre sièges, ce qui lui vaudrait de revenir au Parlement après près de 20 ans d'absence.

Avec l'incertitude post-électorale, la question de la capacité de Malcolm Turnbull et Bill Shorten à se maintenir à la tête de leurs partis est également posée.

La pression est particulièrement forte sur Malcolm Turnbull qui a évincé son prédécesseur à la tête du Parti libéral et précédent Premier ministre Tony Abbott, en septembre 2015, sur une promesse de stabilité.

Malcolm Turnbull a été un des dirigeants politiques australiens ayant eu un des taux d'approbation les plus élevés après son arrivée au pouvoir en septembre dernier. Puis, sa popularisé a baissé quand il est apparu qu'il s'arc-boutait sur ses valeurs de droite à propos de questions comme le changement climatique et le mariage entre personnes de même sexe sous la pression de l'aile la plus conservatrice de son parti.

Dans ce contexte d'incertitude, certains observateurs estiment que l'Australie pourrait perdre sa note AAA de sa dette souveraine. Seuls dix pays au monde sont noté triple A par les trois grandes agences de notation financière. (Danielle Rouquié pour le service français)