EURO (EUR)
 
L'avenir de la monnaie unique dépend non seulement de la capacité de la BCE à soutenir davantage la relance mais également de la volonté de la classe politique européenne à engager de vraies réformes structurelles. Une action monétaire, quelle qu'elle soit, ne peut se substituer entièrement à une meilleure gouvernance.
 
Alors que les prix font du sur-place, la BCE devrait annoncer un assouplissement quantitatif de grande ampleur dès le premier trimestre, probablement même dès le 22 janvier, diluant davantage la valeur de l'Euro, tandis que l'Union monétaire pourrait affronter une crise politique sans précédent, relançant les spéculations autour d'une sortie de la Grèce, dont les législatives anticipées du 25 janvier pourrait voir émerger un parti d'extrême gauche eurosceptique à sa tête, et d'autres pays périphériques sous la menace d'une contagion.
 
Sans une meilleure gouvernance au sein de l'Union monétaire, incluant des conditions d'appartenance plus stricte et davantage d'harmonisation entre ses membres, la monnaie unique devrait peiner à rebondir durablement.
 
En 2015, nous nous attendons donc à une poursuite de la baisse de l'Euro face à l'ensemble des autres devises majeures, en direction de 1.06 puis d'un cours de parité face au Dollar américain.

 


 
DOLLAR AMERICAIN (USD)
 
Baisse rectiligne du chômage, croissance, consommation, moral, tous les voyants sont au vert aux Etats-Unis. Peu préoccupé par la santé des économies européenne et japonaise, le bateau américain navigue tout droit vers la normalisation.
 
Alors que la Réserve Fédérale a déjà suspendu sans heurt, à la faveur d'une rhétorique plutôt habile, ses injections dans l'économie, sa présidente Janet Yellen a même laissé entendre qu'une série de hausses du taux directeur pourrait débuter dès le deuxième trimestre 2015.
 
Selon la réaction des marchés à ces tours de vis monétaires, Le Dollar devrait poursuivre son rallye de façon plus ou moins prononcé cette année mais rester la devise majeure la plus recherchée.
 



YEN (JPY)
 
Comme en Europe, les mesures spectaculaires annoncées par la BoJ n'auront un impact positif à long terme que si elles s'accompagnent de réformes structurelles permettant de relancer durablement une économie retombée en récession en 2014.
 
Gangréné par la déflation depuis 20 ans, accusant un niveau d'endettement parmi les plus élevés au monde, le Japon, de nouveau dégradé par Moody's récemment, semble pourtant encore loin d'emprunter le chemin de la rédemption. Son Premier ministre Shinzo Abe a ainsi renoncé à une deuxième augmentation de TVA prévue en octobre 2015 dans un intérêt essentiellement électoraliste, visant à conserver une majorité absolue à la Chambre basse du Parlement après sa dissolution.
 
La dépréciation du Yen conserve ainsi une marge importante en 2015 face à la plupart des autres devises. Les prochains seuils clés du billet vert sont 127.60 et 146.40 JPY.
 
Une hypothèse vient cependant contrebalancer ces spéculations puisque la devise japonaise bénéficie toujours d'un statut de valeur refuge. En cas de repli prononcé des marchés actions dans le sillage d'un retour à la normalisation de la Réserve Fédérale, lequel devrait s'accélérer à partir du deuxième trimestre, la glissade du Yen pourrait ainsi être provisoirement contenue par un phénomène classique de recherche de qualité.
 

 




LIVRE STERLING (GBP)
 
Alors qu'elle s'est significativement repliée face au Dollar en fin d'année, dans le sillage de la monnaie unique de la zone Euro, son premier partenaire commercial, la livre Sterling présente un potentiel de hausse intéressant en 2015.
 
La macroéconomie britannique se distingue significativement de celle de son voisin européen tandis que Mark Carney, président de la BoE, dont 2 membres sur 9 sont déjà favorables à une hausse de taux, conditionne précisément un resserrement monétaire à la bonne santé des statistiques.
 
Même si la performance de la devise britannique pourrait avoir du mal à égaler celle du billet vert, les anticipations autour d'un relèvement de taux au deuxième semestre devraient progressivement s'intensifier et permettre à la Livre de surpasser les autres devises majeures. 0.7591, 0.7112 et 0.6757 GBP sont les prochains seuils clés de l'Euro.
 
 




DOLLAR CANADIEN (CAD)
 
Bien que l'économie canadienne emprunte une trajectoire positive, soutenue par les mesures budgétaires récemment prises par le gouvernement fédéral et par la reprise aux Etats-Unis, son premier partenaire commercial, elle dépend néanmoins très largement de ses exportations de pétrole, le brut extrait dans l'Ouest canadien représentant un élément clé de la croissance du PIB national.
 
Tandis que le taux directeur stagne à 1% depuis septembre 2010, la banque centrale s'inquiète ainsi très sérieusement de la récente chute vertigineuse des cours de l'or noir et de ses effets déflationnistes, écartant toute probabilité d'un prochain tour de vis monétaire.
 
Dans un contexte géopolitique extrêmement tendu entre l'occident et la Russie, la production mondiale excédentaire de brut, largement encouragé par les Etats-Unis pour sanctionner Vladimir Poutine, devrait ainsi pénaliser le Dollar canadien par ricochet en 2015. Le billet vert pourrait ainsi accélérer vers 1.2871 puis 1.3867 CAD d'ici les douze prochains mois.
 
 



DOLLAR AUSTRALIEN (AUD)
 
A mesure que les matières premières se replient et que la demande chinoise ralentit, les exportations australiennes, moteur de l'économie de l'île-continent, accusent le coup.
 
Le gouverneur de la Banque centrale australienne, Glenn Stevens, a ainsi déclaré, sur fond de données économiques décevantes, qu'un «Dollar Australien plus faible est très probablement nécessaire». Le taux directeur pointant à 2.5%, l'institution dispose d'une marge de manœuvre confortable pour assouplir sa politique si sa devise tarde à reculer.
 
En outre, le fait que la Réserve Fédérale américaine se rapproche de la voie de la normalisation devrait progressivement pénaliser l'appétit du risque dont la devise australienne est l'un des principaux baromètres.
 
Le contexte ne laisse ainsi guère de place à une reprise de l'AUD en 2015. Face au billet vert, 0.7785 et 0.7104 USD sont les prochains seuils clés à surveiller.
 



 
DOLLAR NEO-ZELANDAIS (NZD)
 
A l'instar de son voisin australien, l'économie de la Nouvelle-Zélande, petit pays du sud-ouest du Pacifique, repose essentiellement sur son commerce extérieur. Ainsi la cherté de la devise préoccupe particulièrement les responsables politiques, à l'image du Premier ministre John Key qui a récemment déclaré que la valeur de la paire NZD/USD devait être située autour de 0.6500 (contre 0.7800 le 31/12/14).
 
En 2014, la monnaie néo-zélandaise s'est pourtant déjà repliée de 5% malgré 4 hausses de taux successives d'un quart de point (de 2.5 à 3.5%), faisant d'elle la devise la plus rémunératrice parmi les majeures.
 
Le fait que la banque centrale intervienne régulièrement et directement sur le marché pour faire baisser le NZD n'est ainsi plus qu'un secret de polichinelle et cette politique de « jawboning » devrait se poursuivre en 2015 alors que les prix des matières premières ne cessent de refluer et que l'inflation de l'archipel reste sous l'objectif de l'institution.
 
Si le Kiwi semble en apparence l'une des devises les moins susceptibles de se replier cette année, l'interventionnisme chronique de la banque centrale nous pousse donc obligatoirement à la prudence. Face au billet vert, 0.7394 et 0.6702 USD sont même des objectifs réalistes à long terme.