Dans un discours inhabituellement direct prononcé à l'université d'Helsinki, Mario Draghi a pressé les 18 pays partageant la monnaie unique d'étudier d'autres moyens de soutenir les membres en difficulté, soulignant l'accroissement des craintes de voir ces pays abandonner l'euro.

"L'absence de réformes structurelles soulève la menace d'une divergence économique permanente entre les pays membres", a-t-il dit.

"Dans la mesure où cela menace la cohésion de l'Union dans son essence, cela a des conséquences potentiellement destructrices pour l'ensemble des membres de l'union économique et monétaire (UEM)", a-t-il ajouté.

Les remarques de Mario Draghi ne se limitent pas seulement aux réformes économiques dans les différents pays. Il se prononce également pour une refonte plus large de certains des principes de base qui régissent l'Union, tels que les mécanismes permettant aux pays de s'entraider.

"Les pays de l'UEM doivent investir davantage dans d'autres mécanismes pour partager le coût des chocs. Une certaine forme de partage du risque transfrontalière s'impose pour permettre de réduire les coûts d'ajustement de ces pays et empêcher que les récessions ne laissent des cicatrices profondes et permanentes".

A l'inverse des Etats-Unis, la zone euro ne dispose pas d'un système de "péréquation budgétaire", un mécanisme de redistribution qui permet à un pays riche tel que l'Allemagne de voler au secours d'un autre plus pauvre comme la Grèce.

Une forme de garantie commune des dettes souveraines pour l'émission de nouvelle dette pourrait s'avérer utile, a ajouté Mario Draghi.

Le message du président de la BCE intervient moins d'une semaine après qu'il a ouvert la voie à des initiatives de politique monétaire plus radicales pour relancer l'économie de la zone euro.

Le Conseil européen se réunira à Bruxelles les 18 et 19 décembre pour étudier des mesures de soutien économique.

Les propositions du président de la BCE rencontrent cependant de fortes oppositions en Allemagne, première puissance économique du continent, où des responsables politiques craignent qu'elles n'encouragent d'autres pays à s'endetter de manière irresponsable.

(John O'Donnell, Wilfrid Exbrayat et Claude Chendjou pour le service français, édité par Patrick Vignal)