(Actualisé avec maire d'Oradour-sur-Glane)

BERLIN, 9 décembre (Reuters) - Un tribunal allemand a abandonné mardi toutes les charges qui pesaient contre un ancien soldat SS impliqué dans le massacre commis en juin 1944 à Oradour-sur-Glane.

Le tribunal de Cologne a estimé que les preuves n'étaient pas suffisantes pour juger Werner Christukat, aujourd'hui âgé de 89 ans.

"Le nom de l'accusé n'était mentionné dans aucune des 5.000 pages de dépositions recueillies auprès des témoins interrogés sur ce qui s'est passé", a déclaré le porte-parole de la cour, Achim Hengstenberg.

"Il est probable que l'affirmation de l'accusé qui dit avoir été présent mais ne pas avoir tiré ou participé à des tâches de sécurité ou de transport n'aurait pu être réfutée sur la base des preuves disponibles", a-t-il ajouté.

L'ex-soldat SS était âgé de 19 ans lors du massacre de 642 personnes, dont 254 femmes et 207 enfants, à Oradour-sur-Glane, le 10 juin 1944 par une unité de la Waffen SS de la division Das Reich.

Il avait été inculpé début janvier, notamment pour la mort de 25 personnes tuées à la mitrailleuse dans une grange du village de la Haute-Vienne.

L'accusé reconnaît être passé par Oradour mais affirme être resté stationné aux abords du village.

"J'ai entendu des coups de feu, j'ai vu des gens crier, j'ai vu le village brûler. C'était terrible mais je n'ai personnellement participé à aucune de ces actions", a-t-il dit selon son avocat, Rainer Pohlen.

Le maire d'Oradour-sur-Glane, Philippe Lacroix, a dit espérer que le parquet de l'Office central d'enquête sur les crimes nazis, basé à Dortmund, fasse appel de la décision du tribunal de Cologne. Il a une semaine pour le faire.

"Nous souhaitons qu'il soit jugé. Le procès est très important pour les familles d'Oradour", déclare-t-il au Figaro.fr.

"Le fait qu'il ait été présent le jour du massacre implique qu'il doive au moins subir l'épreuve d'un procès. Je crois que, ni l'âge d'une personne, ni la date où a été commis son crime, ne doivent l'exclure de répondre à la justice", souligne-t-il. (Erik Kirschbaum; Henri-Pierre André pour le service français, avec Sophie Louet à Paris, édité par Yves Clarisse)