Si le Nasdaq américain est un baromètre de la libido des investisseurs pour les marchés actions, et il l'est, la semaine 38 de l'année civile est marquée par un désir en berne. L'indice technologique américain a perdu plus de 3% en deux séances pour revenir à proximité de ses planchers de l'été. La Fed a fait les gros yeux mercredi en remettant les investisseurs à leur place : les taux directeurs américains vont rester élevés plus longtemps que ce que pensait le marché. Cela a suffi à faire s'évaporer le goût du risque de certains financiers, déjà préoccupés par la tournure prise par les événements. Rien de catastrophique à ce stade, puisque le Nasdaq est encore en hausse de 34% depuis le 1er janvier, mais une alerte quand même. Les investisseurs se demandent si la fin d'année sera une période de vaches maigres. Une chose est sûre : la sale réputation boursière du mois de septembre, statistiquement le plus mauvais mois boursier sur la base de plus d'un siècle de données, n'est pas galvaudée. Le Nasdaq 100 a perdu plus de 5% depuis le début du mois.

Pour le CAC40, le repli est moins spectaculaire, mais l'indice parisien est trahi par ses vedettes du luxe. Les à-coups de l'économie chinoise ont fait perdre au secteur sa cape d'invincibilité. D'ailleurs, comme nous le soulignions en début de semaine, la consanguinité entre le luxe et le Hang Seng a pris la pente ascendante ces dernières semaines. Vu la tête de l'indice de Hong Kong, ce n'est pas forcément une bonne nouvelle.

Dans le reste de l'actualité, pendant que la France du rugby se lamente sur la pommette de Super-Dupont, le Pape va célébrer une méga-messe à Marseille et Charles III dîne à Versailles. Voilà qui fleure bon la tradition. Le roi d'Angleterre a même ravivé la vieille "entente cordiale" entre les deux pays pour invoquer la lutte contre le changement climatique. Juste après que Rishi Sunak, son premier ministre eut sabré les ambitions du royaume en matière de transition énergétique. Les rois ne sont pas toujours prophètes en leurs pays. Au Japon, la banque centrale a laissé ses taux inchangés, comme prévu. Sur le marché de l'énergie, le cœur des traders balance entre les restrictions russes à l'export de diesel qui font grimper les prix et l'accord trouvé entre Chevron et ses syndicats pour mettre fin à la grève qui frappe les installations GNL du groupe en Australie, qui dégonfle les prix du gaz.

Je poursuis avec l'histoire du vendredi. J'ai assisté cette semaine à la mort en direct d'une équipe de recherche dont je recevais les études quotidiennement depuis une vingtaine d'années. Ça fait bizarre. Le 18 septembre, de petites alertes ont commencé à tomber sur ma messagerie. Elles portaient toutes le même intitulé dropping coverage. Mon système d'information m'annonçait tout simplement que le Crédit Suisse cessait le suivi de dizaines et de dizaines de sociétés cotées en Europe et dans le monde. C'est l'une des conséquences de l'absorption de la banque par sa compatriote UBS. Une sorte de dommage collatéral, puisque deux canaux de recommandations ne peuvent cohabiter au sein d'une même Maison.

Du coup je suis allé voir ce qu'en disait UBS, mais je n'ai pas trouvé grand-chose sur le sujet en dehors des platitudes liées à la fusion. En revanche, je suis tombé sur une étude intéressante publiée jeudi par la banque aux trois clefs. UBS suggère un positionnement défensif jusqu'en 2024, parce que les investisseurs, selon la banque suisse, se fourrent le doigt dans l'œil en faisant rimer atterrissage en douceur du PIB et résistance des bénéfices des entreprises. D'ailleurs ça ne rime pas du tout, vous le constatez. Au lieu de ça, la banque pense à un atterrissage brutal pour les bénéfices des entreprises. Second fourrage de doigt dans l'œil, les investisseurs macro font rimer ralentissement de la hausse des prix, baisse des rendements obligataires et hausse des actions. Outre le fait que ça ne rime pas non plus, UBS souligne que cela ne tient pas compte du fait que les valorisations des actions sont une combinaison de rendements sans risque et d'un taux d'intérêt à long terme. Or si les rendements diminuent parce que les données s'affaiblissent, UBS estime qu'une volatilité plus élevée entraînera une hausse compensatoire de la prime de risque des actions. Pas très optimiste tout ça, même si ça renvoie à la perte de libido précitée.

Autre renvoi intéressant à ce qui précède, UBS avait monté le mois dernier une liste de 20 valeurs européennes fragiles dans le contexte actuel, parce qu'elles font partie des valeurs cycliques à forte volatilité, dont les perspectives de résultats se détériorent. On y retrouvait par exemple LVMH, Compagnie Financière Richemont, Kering, DHL, ASML ou Lonza, des dossiers qui ont effectivement connu des moments difficiles en bourse depuis la mi-août. A l'inverse, la liste-miroir de valeurs résistantes (faible volatilité, perspectives d'évolution des résultats positive) s'est très bien comportée, grâce à des têtes de gondole comme Relx, BAE Systems, Engie, Tesco, SSE, Enel ou Vinci. Si vous souscrivez à la prudence d'UBS, la banque suisse a mis à jour sa liste de valeurs résistantes. On y trouve ABB, ASR Nederland, BAE Systems, Engie, GEA Group, Hugo Boss, Safran ou encore Tesco, pour n'en citer que quelques-unes.

La fin de la dernière séance de la semaine en Asie Pacifique donne lieu à quelques rachats à bon compte, enfin présumément à bon compte, en Chine continentale et à Hong Kong. Le Japon et la Corée du Sud perdent en revanche un peu de terrain. L'Inde en gagne un peu, pendant que l'Australie a bouclé la journée à -0,11%, pour une cinquième séance consécutive dans le rouge. Les indicateurs avancés européens regardent légèrement vers le bas autour de 8h00, mais les futures américains sont haussiers. Le CAC perdait 1% à 7143 points à l'ouverture. Le SMI était en baisse de 0,6% à 11 022 points.

Les temps forts économiques du jour

La journée débute avec les PMI Composite, Manufacturing et Services de la France (9h15). L'Allemagne prendra le relais avec ses PMI Manufacturing, Services et Composite (09h30), avant de passer à la zone euro (10h00) et au Royaume-Uni (10h30) pour les mêmes indicateurs. L'après-midi sera consacrée aux Etats-Unis avec les PMI Composite, Manufacturing et Services S&P Global (15h45). Tout l'agenda ici.

L'euro évolue à 1,0656 USD. L'once d'or se négocie 1924 USD. Le pétrole se reprend, avec un Brent de Mer du Nord à 93,83 USD le baril et un brut léger américain WTI à 90,20 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans monte à 4,49%. Le bitcoin s'échange 26 636 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Ageas : JP Morgan maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours relevé de 42 EUR à 43,50 EUR.
  • ALD : JP Morgan maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours réduit de 11,20 EUR à 9,40 EUR.
  • Allianz : JP Morgan passe de neutre à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 240 à 270 EUR.
  • ArcelorMittal : Morgan Stanley passe de surpondérer à neutre avec un objectif de cours relevé de 32,50 EUR à 46 EUR.
  • Asos : Morgan Stanley maintient sa recommandation pondération en ligne vec un objectif de cours réduit de 470 GBX à 440 GBX.
  • Axa : JP Morgan maintient sa recommandation de surpondérer et relève l'objectif de cours de 36 EUR à 39 EUR.
  • BP Plc : JP Morgan maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours relevé de 530 GBP à 600 GBX.
  • Carlsberg : Morningstar passe de vendre à conserver avec un objectif de cours de 970 DKK.
  • Dassault Systemes : Oddo BHF maintient sa recommandation surperformance avec un objectif de cours réduit de 49 EUR à 47 EUR.
  • DHL : Deutsche Bank maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours réduit de 54 EUR à 49 EUR.
  • Eni : JP Morgan passe de neutre à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 15,50 EUR à 19 EUR.
  • Equinor : JP Morgan maintient sa recommandation de souspondérer avec un objectif de cours relevé de 300 NOK à 320 NOK.
  • Eramet : Oddo BHF maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours relevé de 87 EUR à 91 EUR.
  • Galp Energia : JP Morgan maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours relevé de 12 EUR à 15 EUR.
  • Generali : JP Morgan maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours réduit de 23 EUR à 22,50 EUR.
  • Halma : HSBC maintient sa recommandation d'achat et réduit l'objectif de cours de 2600 GBP à 2450 GBX.
  • Hannover Re : JP Morgan maintient sa recommandation de surpondérer et relève l'objectif de cours de 240 EUR à 255 EUR.
  • Hiscox : JP Morgan passe de neutre à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 12 GBP à 13 GBP.
  • Imerys : Berenberg maintient sa recommandation d'achat et réduit l'objectif de cours de 51 EUR à 46 EUR.
  • Just Group : JP Morgan maintient sa recommandation de surpondérer et relève l'objectif de cours de 120 GBP à 125 GBX.
  • Lancashire Holding : JP Morgan passe de surpondérer à neutre avec un objectif de cours réduit de 750 GBP à 715 GBX.
  • Legal & General : JP Morgan maintient sa recommandation de surpondérer et réduit l'objectif de cours de 315 GBP à 290 GBX.
  • M&G Plc : JP Morgan maintient sa recommandation de souspondérer avec un objectif de cours relevé de 180 GBP à 195 GBX.
  • Mercedes : HSBC maintient sa recommandation d'achat et réduit l'objectif de cours de 95 EUR à 92 EUR.
  • MTU Aero Engines : Citi passe d'une recommandation neutre à une recommandation d'achat avec un objectif de cours réduit de 242 EUR à 217 EUR.
  • Munich Re : JP Morgan maintient sa recommandation de surpondérer avec un objectif de cours relevé de 430 EUR à 435 EUR.
  • Next : JP Morgan maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours relevé de 7300 GBP à 7500 GBX.
  • NN Group : JP Morgan maintient sa recommandation de surpondérer avec un objectif de cours relevé de 53 EUR à 54,50 EUR.
  • OMV : JP Morgan maintient sa recommandation de souspondérer avec un objectif de cours relevé de 41 EUR à 45 EUR.
  • Phoenix Group : JP Morgan passe de neutre à souspondérer avec un objectif de cours réduit de 655 GBP à 500 GBX.
  • Poste Italiane : JP Morgan maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours relevé de 11 EUR à 11,50 EUR.
  • Prudential : JP Morgan maintient sa recommandation de surpondérer et réduit l'objectif de cours de 1630 GBP à 1500 GBX.
  • Repsol : JP Morgan passe de souspondérer à neutre avec un objectif de cours relevé de 13 EUR à 16,50 EUR.
  • Salvatore Ferragamo : Citi maintient sa recommandation neutre et réduit l'objectif de cours de 16,30 EUR à 14,10 EUR.
  • Shell : JP Morgan maintient sa recommandation de surpondérer avec un objectif de cours relevé de 2750 GBP à 3200 GBX.
  • Swiss Re : JP Morgan maintient sa recommandation de surpondérer avec un objectif de cours relevé de 105 CHF à 110 CHF.
  • TotalEnergies : JP Morgan maintient sa recommandation de surpondérer et relève l'objectif de cours de 65 EUR à 72 EUR. Mediobanca passe de sousperformance à neutre avec un objectif de cours relevé de 46 EUR à 63,50 EUR.
  • Volkswagen : HSBC maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours réduit de 131 EUR à 125 EUR.
  • Whitbread : HSBC maintient sa recommandation d'achat et relève l'objectif de cours de 4700 GBP à 4900 GBX.
  • Yara : ABG Sundal Collier passe de conserver à acheter avec un objectif de cours relevé de 400 NOK à 475 NOK.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Le renouvellement du mandat de Patrick Pouyanné à la tête de TotalEnergies sera proposé à la prochaine assemblée générale.
  • Sanofi prévoit une amélioration de sa marge brute en 2023.
  • Six cadres d'une filiale de Vinci auditionnés par les enquêteurs dans le cadre des enquêtes sur les chantiers au Qatar.
  • Atos réplique à ses actionnaires frondeurs dans un communiqué.
  • Eramet cède sa filiale norvégienne à Ineos pour 245 M$. Par ailleurs, Eramet et Suez choisissent Dunkerque pour leur usine de recyclage de batteries.
  • La solution de routage météo d'Ascenz Marorka (Gaztransport & Technigaz) équipera l'ensemble de la flotte de Clean Products Tankers Alliance.
  • Elior rachète une entreprise américaine et confirme ses ambitions de développement en Inde.
  • Covivio cède l'immeuble de bureaux "Anjou" à Paris VIII.
  • Les actionnaires d'Arcure approuvent l'évolution de la gouvernance.
  • Don't Nod présente son catalogue pour fin 2023.
  • Innate publie des données confirmatoires positives en phase II avec lacutamab.
  • Vers une OPR-RO sur Financière et Immobilière de l’Etang de Berre et de la Méditerranée.
  • Elles ont publié / Elles doivent publier : Alten, Solutions 30, Akwel, SQLI, Agripower, Genoway, Phaxiam, Abivax, MyHotelMatch, Compagnie du Cambodge, Forestière Equatoriale, FIPP, Financière Moncey, Orapi

Dans le vaste monde

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Les trois constructeurs automobiles historiques américaines (General Motors, Ford et Stellantis) entrent dans les dernières heures pour éviter une grève plus étendue de l'UAW
  • Permira et Blackstone courtisent Adevinta, qui possède notamment Le Bon Coin.
  • Microsoft va intégrer à Bing le nouveau générateur d'images d'OpenAI.
  • Novo Nordisk a trouvé des bactéries dans des ingrédients de pilules contre le diabète dans une usine de Caroline du Nord.
  • BP Plc et Shell concluent un accord avec Trinidad pour explorer des blocs en eaux profondes.
  • Jaguar a signé un accord avec Tesla pour permettre l'accès à plus de 12 000 superchargeurs à l'aide du connecteur NACS.
  • JSW en pourparlers avec LG Energy Solution pour fabriquer des batteries pour véhicules électriques en Inde.
  • ABB décroche une commande de systèmes d'alimentation pour les navires à hydrogène de Samskip.
  • Coty va de l'avant avec son projet de cotation à la Bourse de Paris, selon Bloomberg.
  • HitecVision a vendu une participation de 6,3% dans la société pétrolière et gazière Var Energi pour 4,56 milliards de couronnes norvégiennes (423,34 M$).
  • Google envisage d'abandonner Broadcom comme fournisseur de puces d'IA (déjà annoncé en séance hier).
  • Straumann prend une participation dans le chinois AlliedStar.
  • Les principales publications du jour : Investec, MedactaTout l'agenda ici.

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