par Elizabeth Piper

LONDRES, 11 décembre (Reuters) - La Première ministre britannique Theresa May, qui s'exprimait lundi devant son Parlement, a salué "un nouveau sentiment d'optimisme" dans les négociations engagées avec l'Union européenne sur le Brexit.

Theresa May et le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, ont annoncé vendredi à l'aube, après une ultime nuit de négociations, un accord sur les modalités du divorce.

Ce compromis va permettre aux dirigeants des Vingt-Sept, qui se réunissent jeudi et vendredi prochain à Bruxelles, de lancer officiellement la phase 2 des négociations, qui portera sur la période de transition post-Brexit et la future relation entre Londres et les Européens.

Dans sa déclaration de lundi devant les parlementaires, Theresa May s'en est pris à ceux qui doutaient qu'elle puisse faire avancer les négociations. L'accord trouvé la semaine dernière, a-t-elle estimé, est une bonne chose pour l'ensemble des électeurs britanniques.

"C'est une bonne chose pour les personnes qui ont voté en faveur du Brexit et qui craignaient que nous soyons tellement englués dans de tortueuses négociations que les choses n'évolueraient jamais", a-t-elle dit au parlement.

"C'est une bonne chose pour ceux qui ont voté pour le maintien dans l'UE, qui redoutaient que les choses se passent sans qu'il y ait d'accord", a-t-il continué.

La Première ministre britannique, qui avait réuni auparavant son conseil des ministres, n'ignore rien de la difficulté qui attend encore les négociateurs des deux parties - "souvenons-nous que le plus difficile est encore devant nous", a souligné vendredi matin Donald Tusk, le président du Conseil européen.

Les mois à venir risquent d'accentuer les divergences au sein même du gouvernement britannique.

PARTENARIAT PRIVILÉGIÉ

Mais pour May, l'heure est au soulagement alors qu'une partie de ses troupes doutaient de sa capacité à franchir cette première haie sur la voie du Brexit et qu'il y a une semaine à peine, alors que tout semblait soigneusement réglé entre Londres et Bruxelles, elle avait dû renoncer à une précédente tentative d'accord après les inquiétudes exprimées par ses alliés du Parti unioniste démocratique d'Ulster (DUP), dont dépend sa majorité parlementaire.

Pour May, les engagements pris durant la première phase des négociations - dont le versement de 35 à 39 milliards de livres à l'UE sur nombre d'années, afin d'honorer ses obligations - étaient nécessaires pour pouvoir rompre les liens avec l'Union européenne.

"En ce faisant, nous pouvons entreprendre de nouer des relations, dans les domaines de l'économie et de la sécurité, qui peuvent sous-tendre le nouveau partenariat approfondi et privilégié que nous appelons tous de nos voeux", a-t-elle déclaré.

"Un partenariat entre l'Union européenne et un Royaume-Uni souverain qui contrôle de nouveau ses frontières, ses finances et ses lois", a continué la Première ministre.

L'accord de compromis annoncé vendredi prévoit qu'il n'y aura pas de "frontière dure" entre l'Irlande du Nord et la République d'Irlande dans le cadre de la future relation économique et commerciale entre le Royaume-Uni et l'UE.

Le compromis du 8 décembre précise qu'en l'absence de solutions acceptées, le Royaume-Uni maintiendra un "alignement complet" sur les règles du marché unique et de l'union douanière qui soutiennent la coopération entre le nord et le sud de l'Irlande.

L'ambiguïté demeure: le ministre britannique chargé du Brexit, David Davis, a ainsi estimé dimanche sur la BBC que cette formulation relevait davantage d'une "déclaration d'intention" que d'une disposition juridiquement contraignante.

A Belfast, la direction du DUP, qui refuse toute différence de traitement post-Brexit entre l'Irlande du Nord et le reste du Royaume-Uni, s'est déclarée toujours préoccupée par la façon dont cet "alignement" pourrait fonctionner sans que le Royaume-Uni reste lui-même dans le marché unique et l'union douanière européenne.

(Henri-Pierre André et Eric Faye pour le service français)