(Actualisé avec initiative germano-turque à l'Otan, § 6 à 10)

ANKARA, 8 février (Reuters) - La chancelière allemande Angela Merkel a fustigé lundi les bombardements russes en Syrie qui ont jeté sur les routes des dizaines de milliers de civils et a laissé entendre qu'ils violaient une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies approuvée en décembre par Moscou.

S'exprimant lors d'une visite à Ankara, Angela Merkel s'est dite "écoeurée" et "choquée" par les souffrances infligées à la population de la ville syrienne d'Alep, qu'elle a imputées aux bombardements russes.

"Nous devons nous pencher une nouvelle fois sur la résolution 2254 du 18 décembre, la résolution du Conseil de sécurité de l'Onu qui a été soutenue par la Russie", a déclaré la chancelière allemande.

"Dans cette résolution, le Conseil de sécurité demande à toutes les parties de cesser sans délai les attaques contre les civils et contre des cibles civiles, et renoncent en particulier à utiliser des armes qui frappent sans discrimination, comme les bombardements aérien. C'est très précisément indiqué dans la résolution."

Lors d'une conférence de presse commune avec le Premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, Angela Merkel a également réclamé à Ankara des mesures immédiates pour améliorer le sort des réfugiés présents en Turquie et insisté pour que les trois milliards d'euros promis par l'Union européennes soient investis au plus vite.

La Turquie et l'Allemagne s'apprêtent par ailleurs à demander une aide de l'Otan pour contrôler le flux de Syriens tentant de gagner l'Europe via la Turquie et la mer Egée, a déclaré de son côté le chef du gouvernement turc.

Le sujet, a précisé Davutoglu, sera mis sur la table lors d'une réunion des ministres de la Défense des pays de l'Otan prévue ce jeudi.

Le porte-parole de Merkel, Steffen Seibert, a indiqué sur Twitter qu'un soutien aux gardes-côtes turcs et à l'agence européenne de contrôle aux frontières Frontex serait débattu "au niveau de l'Otan".

Au siège de l'Alliance atlantique, à Bruxelles, un responsable a rappelé que les mesures prises en décembre pour aider la Turquie à faire face au risque de débordement sur son territoire des conflits en Syrie et en Irak incluait des moyens de renseignement et de surveillance, y compris des patrouilles navales et aériennes en Méditerranée orientale.

Mais, a-t-il ajouté, "l'Otan n'est pas directement impliquée pour le moment dans la réponse à la crise migratoire". (Ercan Gurses avec Noah Barkin et Joseph Nasr à Berlin et Gabriela Baczynska à Bruxelles; Nicolas Delame et Henri-Pierre André pour le service français)