* Merkel va rencontrer le président pour lui faire part de son échec

* Le FDP a évoqué des divergences irréconciliables

* Deux issues: un gouvernement minoritaires ou de nouvelles élections

* L'euro en baisse (Actualisé avec contexte)

par Andreas Rinke et Joseph Nasr

BERLIN, 20 novembre (Reuters) - La chancelière allemande, Angela Merkel, a reconnu lundi avoir échoué à former une coalition gouvernementale réunissant les conservateurs, les écologistes et les libéraux après le retrait de ces derniers qui ont évoqué des divergences irréconciliables.

Plus tôt dans la nuit, les libéraux du FDP avaient en effet annoncé avoir quitté la table des négociations faute d'accord sur des questions clés telles que celles l'immigration et l'environnement.

"C'est un jour de grande réflexion sur la manière d'avancer en Allemagne", a déclaré à la presse une Angela Merkel visiblement fatiguée.

"En tant que chancelière, je ferai tout pour garantir que ce pays soit correctement dirigé au cours des difficiles semaines qui s'annoncent."

Cette échec marque un tournant dans la carrière politique d'Angela Merkel qui a su 12 années durant incarner la stabilité et la fermeté de l'Allemagne.

Depuis le 24 septembre, date du scrutin législatif, la chancelière est apparue fragilisée, de nombreux électeurs ayant exprimé leur mécontentement vis-à-vis de sa politique d'accueil des migrants en choisissant de voter pour le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD).

Angela Merkel va donc devoir rencontrer le président Frank-Walter Steinmeier pour lui faire part de son échec, peut-être le signe qu'elle refuse de s'engager sur la voie de la formation d'un gouvernement minoritaire.

C'est au président allemand qu'il reviendra de décider s'il faut convoquer de nouvelles élections.

Cet échec des tractations pourrait plonger l'Allemagne dans sa pire crise politique depuis des décennies, les sociaux-démocrates du SPD, partenaires minoritaires de la coalition sortante, ayant d'ores et déjà exclu de renouveler l'expérience.

L'IMMIGRATION AU COEUR DES NÉGOCIATIONS

Il ne reste à Angela Merkel et à son Union chrétienne-démocrate (CDU) que l'option d'un gouvernement minoritaire inédit depuis l'après-guerre ou l'organisation de nouvelles élections législatives qui pourraient profiter au parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD).

"Aujourd'hui, il n'y a pas eu de progrès, plutôt des régressions parce que les compromis envisagés ont été remis en question", déclarait plus tôt le chef de file du FDP, Christian Lindner.

"Mieux vaux ne pas gouverner que mal gouverner. Au revoir", a-t-il ajouté.

Les discussions achoppaient depuis plusieurs semaines sur le sujet sensible de l'immigration, les Verts restant fermement opposés au quota de 200.000 réfugiés par an souhaité par les conservateurs de la CDU-CSU. Des divergences persistaient aussi en ce qui concerne le regroupement familial et le projet de budget commun proposé par la France.

Aux divergences entre les trois mouvements s'ajoutaient les dissensions entre conservateurs. L'Union chrétienne-sociale (CSU), l'alliée bavaroise de la CDU qui craint un recul aux élections locales de 2018.

Un échec de l'Allemagne à former un gouvernement stable aurait des répercussions au-delà de ses frontières, qu'il s'agisse de la stabilité de la zone euro ou du projet de relance du projet européen voulu par le président français, Emmanuel Macron.

Il interviendrait en outre alors que l'Union européenne doit surmonter les conséquences du Brexit.

L'échec des négociations a eu un impact immédiat sur les cours de l'euro qui reculait de 0,61% vers 5h00 GMT contre le yen et de 0,53% contre le dollar à $1,1732. (Nicolas Delame pour le service français)