BERLIN, 31 août (Reuters) - L'Allemagne et d'autres pays européens sont restés trop longtemps aveugles à la crise des réfugiés qui grandissait à leurs frontières, juge la chancelière allemande Angela Merkel dans une interview publiée mercredi.

Après avoir lancé une large politique d'accueil des réfugiés il y a un an, Angela Merkel, cible de critiques dans son pays, juge que l'Union européenne devra user de patience et d'endurance pour gérer les flux migratoires dans une interview à la Süddeutsche Zeitung.

"En Allemagne nous avons ignoré le problème trop longtemps et bloqué la nécessité de trouver une solution pan européenne", estime-t-elle.

Dans un bilan inhabituellement critique de son action, publié un an jour pour jour après son discours ""Wir schaffen das" ("Nous y arriverons"), la chancelière revient sur ses choix.

Son parti, l'Union chrétienne-démocrate (CDU), est susceptible de subir un important revers lors de deux scrutins régionaux le mois prochain, notamment en raison de sa politique d'accueil.

L'Allemagne a accueilli la majorité du million de réfugiés arrivés en Europe depuis un an, mais a laissé l'Espagne, la Grèce et l'Italie gérer leur arrivée, regrette la chancelière.

"Nous ne nous sommes pas attaqués au problème de manière appropriée", ajoute-t-elle, citant notamment le refus allemand d'un système de répartition proportionnel des réfugiés. "Cela vaut aussi pour la protection des frontières extérieures de l'espace Shenghen", poursuit-elle.

La dirigeante allemande se prononce en outre pour une coopération et une aide au développement accrue de l'Union européenne en Afrique, ainsi qu'avec la Turquie et les zones de conflits.

L'Allemagne était contente de se tenir à l'écart des problèmes migratoires après avoir accueillie dans les années 1990 des réfugiés issus de l'ex-Yougoslavie, juge-t-elle en outre : "Je ne peux le nier".

La chancelière allemande invite la classe politique à la modération dans les propos afin d'éviter une rhétorique alarmiste et juge que le racisme a augmenté en Allemagne en un an. "Il est faux de dire que le terrorisme est arrivé seulement avec les réfugiés. Il était déjà là sous des myriades de formes" différentes, déclare-t-elle. (Erik Kirschbaum et Andrea Shalal; Julie Carriat pour le service français)