GENEVE, 5 février (Reuters) - Peter Sutherland, conseiller spécial de Ban Ki-moon pour les migrations, a déclaré vendredi qu'Angela Merkel était une "héroïne" pour avoir décidé par principe d'ouvrir les frontières allemandes aux réfugiés quand ses partenaires européens ne se montraient pas à la hauteur de la situation.

"A mon avis, Mme Merkel est une héroïne", a-t-il dit lors d'une conférence de presse à Genève.

La politique d'ouverture de la chancelière face à la plus grave crise migratoire qu'ait connue l'Europe depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale ne fait pas l'unanimité en Allemagne, où la cote de popularité de Merkel est tombée à un niveau inédit depuis quatre ans et demi.

"Elle savait que c'était une question de morale. Elle savait qu'elle allait s'exposer à des attaques politiques, que sa popularité serait touchée", a poursuivi Sutherland, ancien directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) passé par Goldman Sachs.

Le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies a également salué l'attitude de la Suède.

En revanche, a-t-il poursuivi, les autres pays européens n'ont accueilli qu'un nombre "relativement minuscule" de demandeurs d'asile. "Certains pays ont dit qu'ils n'accueilleraient que des réfugiés chrétiens. Dans quel siècle vivent-ils ? Et qu'en est-il des concepts de dignité de la personne humaine et d'égalité entre les hommes ?", a-t-il déploré.

Sutherland s'en est également pris aux médias, affirmant aux journalistes présents à Genève que les responsables politiques étaient influencés par "leurs propriétaires, la presse" et la manière dont ils présentent les migrants.

"Les preuves sont irréfutables: les migrants en général, et dans chaque pays d'Europe, génèrent plus de contributions fiscales qu'ils ne bénéficient de prestations. Leurs taux de chômage est plus faible et ils ont en général plus d'intérêt dans l'éducation", a-t-il dit. (Tom Miles; Henri-Pierre André pour le service français)