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par Alastair Macdonald et Jonny Hogg

BRUXELLES/ANKARA, 27 novembre (Reuters) - Européens et Turcs travaillent à gommer leurs divergences, notamment financières, avant le sommet prévu dimanche à Bruxelles consacré à la gestion des flux de réfugiés syriens qui tentent de rejoindre les pays de l'UE après avoir transité par la Turquie.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a accepté le mois dernier les grandes lignes d'un plan d'action par lequel l'Union européenne verserait une aide de trois milliards d'euros sur deux ans aux autorités d'Ankara afin de les aider à gérer la présence de 2,3 millions de réfugiés sur leur territoire.

Diplomates et responsables se montraient pessimistes vendredi quant à la conclusion d'un éventuel accord en raison des différends qui persistent entre Bruxelles et la Turquie où la situation a évolué au cours des dernières semaines.

La victoire remportée lors des législatives anticipées par le parti de la Justice et du Développement (AKP) a renforcé la position d'Erdogan dans son pays.

Le président turc a reconduit le Premier ministre Ahmet Davutoglu dans ses fonctions et son gouvernement a formulé de nouvelles exigences concernant l'aide européenne, réclamant trois milliards d'euros par an et non plus trois milliards sur deux ans.

"Les choses peuvent encore échouer. Ce n'est pas une négociation simple. Parmi les 28 Etats membres (de l'UE), il y a des positions divergentes à l'égard de la Turquie. Il est toujours possible qu'un accord ne soit pas conclu", a reconnu un responsable européen.

"La Turquie tente de forcer sa chance", a expliqué un diplomate à Ankara. "Ils demandent beaucoup et l'atmosphère n'est pas bonne", a-t-il poursuivi.

"Dans le même temps, il y a beaucoup d'acteurs importants en Europe qui ont un faible pour la Turquie et qui ont vraiment envie de trouver un moyen de faire progresser la relation", rappelle ce diplomate.

Plusieurs incertitudes demeurent sur la période couverte par l'aide européenne mais également sur les conditions dont l'UE pourraient assortir son soutien. Les Européens ne se sont pas non plus entendus entre eux sur le financement, certains préférant une imputation au budget général plutôt qu'une contribution Etat par Etat.

Certains reprochent à Angela Merkel son déplacement en Turquie avant les législatives afin de rencontrer Erdogan. Cette visite, estiment-ils, a pu donner au président turc le sentiment que les Vingt-Huit étaient aux abois dans cette crise migratoire et incité Erdogan à profiter de la situation en révisant ses exigences à la hausse.

Le fait que Erdogan ait décidé d'envoyer son Premier ministre et de ne pas se rendre en personne à Bruxelles fait dire à certains que la Turquie "est prête à laisser tomber".

"C'est une bonne stratégie de négociation mais c'est un mauvais signe", a résumé le diplomate en poste à Ankara.

(Pierre Sérisier pour le service français)