Théorisé par l’économiste américain Arthur Okum de l’université de Yale dans les années 60, ce dernier fût l’un des proches conseillers du président américain Lyndon Johnson. Son étude concerne la juxtaposition de certaines données économiques afin de comparer « la douleur des crises économiques ».  Ses analyses permirent de montrer que les personnes au chômage ou en situation de précarité seront plus fortement impactées par une hausse de l’inflation et glisseront d’autant plus vers la misère. Il convient de noter cependant que la formule originelle a été refondue et agrémentée de facteurs supplémentaires. C’est-à-dire : Taux d’inflation + taux d’intérêt + taux de chômage – taux de croissance annuelle du PIB par habitant.



Comparaison du Misery Index des USA, Union Européenne et Japon


Union Européenne (en jaune), USA (en blanc) et Japon (en vert)


Le graphique ci-dessus présente l’évolution des grandes puissances économiques mondiales. Ainsi peut-on constater que l’indice américain de la misère a fortement diminué durant les cinq dernières années, passant même de 13 points à seulement 6 points courant 2016. Globalement, le Japon durant cette même période n’aura guère évolué, toujours proche des 4 points. Enfin s’agissant de l’Union Européenne, cette dernière a connu des variations plus contrastée notamment en 2015, mais la tendance de fonds reste à la baisse, passant de 14 points fin 2012 à 8.7 points désormais. Ce résultat place l’Union Européenne au 20ème rang des pires économies mondiales juste devant la France.

En effet, la France (voir graphique ci-dessous détaillé) navigue aujourd’hui autour des 10 points. Un résultat qui aura peu évolué depuis début 2011 faisant de la France le 19ème du classement des pires économies. En cause, principalement un taux de chômage très pénalisant (près de 10%). A contrario pour l’Allemagne, autre pays « Core » de l’Union Européenne, l’amélioration est plus notable en termes de chômage et d’inflation avec une place de 43ème. Ainsi l’Allemagne cumule désormais 4.6 points, moitié moins que la France. L’Allemagne comptabilisait 10 points comme la France… mais il y a plus de 5ans déjà. L’écart de l’état de l’économie des deux pays moteur de l’Europe est donc flagrant.



Comparaison du misery index des pays Core et Périphériques européen


Suisse (en blanc), Allemagne (en vert), Union Européenne (en bleu), France (en jaune), Portugal (en rouge), Espagne (en rose).


En se focalisant sur les économies majeures de l’Union Européenne, il convient de constater que les pays périphériques européens apparaissent plus en difficulté. Cet état de fait se constate également en matière de rendement obligataire puisque ces pays étant plus risqué économiquement que les pays « Core », leurs rendements sont rémunérés plus fortement. Ainsi, en l’espèce, le Portugal enregistre un résultat de 12.75 points (15 points début 2014). L’Espagne reste le mauvais élève de l’Europe avec près de 20 points en 2016. Il convient de noter cependant que l’Espagne flirtait avec les 30 points au premier trimestre 2013. C’est le taux de chômage de ce dernier qui explique cette position dans le classement. Le meilleur élève de la zone euro reste pour la deuxième année de suite le Danemark avec 5.8 points.

Finalement, les meilleurs élèves hors zone euro, restent la Suisse avec seulement 2.6 points, lui offrant la 61ème place sur 63 pays et la Grande Bretagne classée 54ème. A l’échelle mondiale, les meilleures économies du monde sont à mettre au crédit respectivement de la Thaïlande (1ère) et Singapour (2ème). Il convient de préciser que les économies chinoises et indiennes sont écartées de ce classement puisque la véracité de leurs chiffres économiques ne peut être prouvée.



Un indice économique aux applications diverses :

Cet indice ne sert pas exclusivement à opérer des comparaisons entre les pays à simple titre d’information, il peut aussi être décliné en différentes applications. L’utilité est également avérée sur une échelle de temps plus court terme. Ainsi, selon le professeur de l’université d’Harvard Robert Barro, cet indice de la misère permet, en incluant notamment le taux de rendement des emprunts publics, de mesurer l’évolution de la misère au cours d’un mandat présidentiel. Un exemple peut être cité actuellement : la situation politique au Brésil.

En effet, englué dans des affaires de corruption, la classe dirigeante du pays, au premier ordre duquel la présidente Dilma Rousseff, apparaît en difficulté. Pour cette dernière, une procédure de destitution est même en cours ; aboutissement d’un climat d’incertitude et d’instabilité politique qui perdure au sein du pays depuis des mois. Ces évènements se répercutent ainsi sur la monnaie nationale et plus largement l’économie du pays (comme le démontre le graphique ci-dessous).



Corrélation entre le Misery Index du Brésil et la situation politique du pays




Le graphique montre l’évolution du Misery Index depuis 2009 (en orange) rapporté à des mots clés « destitution » et « Dilma Rousseff » sorti du contexte de l’actualité en 2015 sur la situation politique du Brésil (en blanc). Le constat est clair, la situation s’est fortement dégradée, surtout depuis début 2015 passant de 11 points à 16.5 points désormais. Le second graphique présente la pertinence de la corrélation entre ces facteurs politiques et économiques. L’indicateur est positif et au plus haut à près de 60% de corrélation.

Cet exemple poura se transposer à des situations intéressantes à suivre dans les prochains mois, notamment  les variations de cet indice en vue d'un possible Brexit ou encore des élections américaines pour la fin d'année.