Comparativement aux cours enregistrés en début d'année, la roupie indienne et le real brésilien se sont appréciés contre le billet vert, observe Mirabaud dans sa stratégie d'investissement d'avril 2014. Au contraire, la valeur du renminbi a reculé au cours de la période sous revue. En raison des événements exceptionnels en Crimée, la plus forte chute a évidemment concerné le rouble.
Mirabaud s'interroge : peut-on expliquer ces mouvements par l'évolution des fondamentaux ?

Si les premiers craquements des marchés émergents ont été provoqués par le discours de Ben Bernanke le 22 mai dernier, c'est moins la réduction du programme d'assouplissement quantitatif de la Fed que la balance des comptes courants qui est désormais invoquée par les investisseurs quant à leur méfiance envers les monnaies émergentes, souligne le gérant. Les deux phénomènes sont évidemment liés. Le déficit des comptes courants traduit le besoin de capitaux étrangers pour financer les activités du pays, mais la perspective du relèvement du loyer de l'argent dans les pays développés rend moins intéressants les placements dans les pays émergents, dans un contexte où la croissance ralentit. En effet, la croissance économique a généralement décéléré depuis 2010, au sein du monde émergent.

Selon Mirabaud, tant que les taux de croissance seront dominés par les taux d'inflation, on peut craindre que les monnaies émergentes puissent encore vaciller. Au contraire, la tendance devrait s'inverser dès que l'activité économique aura repris l'avantage sur l'évolution des prix à la consommation.

Dans ce mécanisme, la variable du changement de régime est précisément le taux de change. Comme la dépréciation tend à favoriser les exportations tout en pénalisant les importations, le retour à l'équilibre de la balance commerciale tend à réduire les déficits des comptes courants. Quel pays émergent peut-on favoriser à la lumière de ce raisonnement ? Lorsque sont rapportés les taux croissance à l'inflation, l'Indonésie apparaît au premier plan, estime le gérant.