* Intesa Sanpaolo juge un rapprochement impossible

* Une augmentation de capital de plus en plus probable-analyste

* L'action poursuit sa baisse

* Moins de dix jours pour soumettre un plan à la BCE (Actualisé avec précisions, contexte, cours, commentaire)

par Stefano Bernabei et Stephen Jewkes

ROME/MILAN, 31 octobre (Reuters) - Intesa Sanpaolo a exclu vendredi un rachat de Banca Monte dei Paschi di Siena , privant cette dernière d'une solution qui lui permettrait de renforcer son bilan afin de respecter les exigences des autorités européennes.

L'avenir de Monte Paschi, la plus vieille banque du monde, est incertain après les résultats des tests de résistance et des bilans de santé de la Banque centrale européenne (BCE) et de l'Autorité bancaire européenne (ABE), qui évaluent à 2,11 milliards d'euros son déficit de fonds propres.

Alors que le président de Monte Paschi, Alessandro Profumo, n'a pas fermé la porte à une fusion, l'espoir de voir Intesa Sanpaolo, numéro deux du secteur en Italie, endosser le costume du "chevalier blanc" a été douché par l'administrateur délégué du groupe, Carlo Messina.

"Ce n'est possible en aucun cas", a-t-il dit à la presse. Il a également démenti un article du quotidien La Repubblica selon lequel la Banque d'Italie lui a demandé son avis sur un éventuel rapprochement de son groupe avec Monte Paschi.

A Paris, le directeur financier de BNP Paribas, interrogé sur le dossier, a qualifié de "spéculatives" les informations selon lesquelles son groupe étudiait une offre.

Le ministre italien de l'Economie, Pier Carlo Padoan, a pour sa part semblé écarter l'hypothèse d'une aide publique, répétant que le déficit de fonds propres de Monte Paschi, comme celui de Banca Carige, chiffré à 814 millions d'euros, pouvait être comblé par des "ressources privées".

Alors que les deux établissements doivent soumettre au plus tard le 9 novembre leur plan de recapitalisation à la BCE, l'attention se focalise sur l'aide d'Etat de 1,1 milliard d'euros que Monte Paschi doit encore rembourser.

La banque a reçu au total 4,1 milliards d'euros d'argent public en 2013 sous la forme d'"obligations Monti", du nom d'un ancien président du Conseil. Elle a déjà remboursé trois milliards et doit régler le solde en trois tranches d'ici 2017 mais elle pourrait obtenir un ballon d'oxygène en renégociant cet échéancier.

LES CRÉANCIERS OBLIGATAIRES MIS À CONTRIBUTION ?

Le président de l'ACRI, principal groupe représentant les fondations bancaires italiennes, a fait savoir que ces dernières pourraient envisager de reprendre une partie au moins des "obligations Monti" pour venir en aide à Monte Paschi. Mais il a exclu une intervention directe pour renflouer la banque.

Monte Paschi, qui a déjà levé cinq milliards d'euros en juin via une augmentation de capital, a mandaté UBS et Citigroup pour évaluer les options stratégiques qui s'offrent à elle, parmi lesquelles devraient figurer des cessions d'actifs.

Un nouvel appel au marché serait quant à lui délicat à réaliser, d'autant que le temps presse.

En Bourse, l'action Monte Paschi, qui a perdu près de 40% de sa valeur depuis l'annonce des résultats des tests bancaires dimanche, a fini en baisse de 10,46% à 0,6080 euro. Elle est tombée en séance à 0,6030, non loin donc du plus bas de dix ans touché jeudi à 0,6005.

"Le marché envisageait un rapprochement sous une forme ou sous une autre avec Intesa mais puisque cela est désormais écarté, une nouvelle augmentation de capital semble de plus en plus probable", a commenté Vincenzo Longo, analyste bancaire d'IG.

Si la banque ne parvenait pas à lever des fonds privés, elles devrait mettre à contribution ses porteurs d'obligations avant que l'Etat puisse lui venir en aide, conformément aux nouvelles règles européennes sur les aides publiques au secteur financier.

Moody's a argué de cette éventualité jeudi pour justifier l'abaissement de la note de la dette senior non garantie du groupe, ajoutant que celui-ci aurait sans doute du mal à combler son déficit de fonds propres dans les délais prévus sans nouvelle aide publique. (avec Gianluca Semeraro, Valentina Za, Alberto Sisto, Alessandra Galloni, Giselda Vagnoni et James Mackenzie, Wilfrid Exbrayat et Marc Angrand pour le service français, édité par Nicolas Delame)