NATIONS UNIES, 18 avril (Reuters) - Il est inutile de créer une commission d'enquête onusienne pour établir les responsabilités de chacun dans l'attaque chimique que la Syrie est accusée d'avoir conduite a Douma, a estimé mardi la Russie qui estime que les Occidentaux se sont déjà érigés en juges et en bourreaux.

Les quinze membres du Conseil de sécurité de l'Onu se sont réunis pour la sixième fois en l'espace de neuf jours pour évoquer l'attaque chimique présumée qui a entraîné les frappes aériennes menées la semaine dernière par les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne.

La Russie a demandé au Conseil de sécurité de se réunir pour évoquer le sort de Rakka, ancien bastion syrien de le l'organisation Etat islamique et le camp de réfugiés de Rubkan, située à la frontière séparant l'Irak de la Jordanie.

"La Russie nous a invités ici afin d'essayer de nous détourner des atrocités commises par le régime (syrien)", a accusé l'ambassadrice américaine adjointe, Kelley Currie.

"Et pour y parvenir, la Russie a demandé à ce Conseil de porter son attention sur une partie de la Syrie où le régime d'Assad ne brutalise pas les civils en leur envoyant des barils explosifs ou en utilisant des armes chimiques interdites", a-t-elle déclaré.

Le Conseil de sécurité n'est pas parvenu à un accord sur le remplacement d'une commission d'enquête de l'Onu et de l'OIAC crée en 2015 pour établir les responsabilités d'une attaque chimique.

Cette commission a été dissoute en novembre après que la Russie a bloqué trois tentatives du Conseil de sécurité visant à renouveler son mandat. Cette commission avait établi que le régime syrien avait eu recours à du gaz sarin et à du chlore à plusieurs reprises. Elle avait également accusé l'Etat islamique d'avoir utilisé du gaz moutarde.

L'ambassadeur russe Vassily Nebenzia a balayé la proposition des Occidentaux de créer une nouvelle commission.

"L'idée de créer un mécanisme chargé d'établir les responsabilités dans l'utilisation d'armes chimiques n'a plus aucun sens puisque Washington et ses alliés ont déjà décidé qui étaient les coupables et qu'ils se comportent comme des bourreaux auto-désignés", a-t-il dit. (Michelle Nichols, Nicolas Delame pour le service français)