Bis repetita. Pour Erick Muller, Directeur de la stratégie d'investissement de Muzinich & Co, la question qui va agiter le marché obligataire cette année ressemble furieusement à celle de l'année dernière : assisterons-nous à un "choc" sur les taux longs qui aurait dû se produire en 2017 mais qui a été annihilé par manque d'inflation ? L'expert de Muzinich & Co a tendance à le croire, tout en précisant que les facteurs pour une éventuelle hausse des taux longs "doivent encore être confirmés par l'inflation".

Cette perspective d'une hausse des taux longs américains s'explique d'abord par la possibilité d'une légère accélération de l'inflation outre-Atlantique. "Les entreprises américaines sont de plus en plus nombreuses à prévoir un accroissement de leur masse salariale. Les salaires pourraient donc augmenter et tirer l'inflation", indique Erick Muller, qui souligne aussi la promesse d'une accélération de la croissance américaine contenue dans la réforme fiscale. Le directeur de la stratégie d'investissement de Muzinich & Co chiffre à 0,5% de PIB sur deux ans la contribution des baisses d'impôts à l'expansion de l'économie américaine.

Surtout, Erick Muller constate que "la Fed n'a pas eu besoin qu'il y ait de l'inflation pour relever ses taux en 2017. Elle montre une vraie détermination à ramener les taux longs vers leur point d'équilibre pour être en mesure d'agir si une récession devait survenir."

Du côté de la BCE, l'heure n'est pas encore au relèvement des taux mais "la pression va s'accroitre alors que la croissance en zone euro est déjà supérieure aux prévisions", assure Erick Muller. Le directeur de la stratégie d'investissement de Muzinich & Co ne serait d'ailleurs pas surpris que la Banque centrale centrale revoie sa "forward guidance", cette fameuse communication qui suit chaque comité de politique monétaire et qui dessine l'horizon de la politique monétaire européenne.

"Pour l'instant, la BCE guide vers une première hausse de taux mi-2019 ou fin 2019. Il nous semble que l'horizon pourrait se réduire et que le temps entre la fin des rachats d'actifs et la première hausse de taux devrait se raccourcir", explique Erick Muller. Sans aller jusqu'à annoncer clairement une première hausse de taux dès 2018, le directeur de la stratégie d'investissement de Muzinich & Co n'exclut pas totalement cette éventualité…

Hasard du calendrier, le déjeuner de présentation des perspectives de Muzinich a eu lieu le jour de la publication des "minutes" du dernier comité de politique monétaire de la BCE. Or, ce document a montré que les gouverneurs envisageaient précisément une modification de leur "forward guidance" ce qui s'est immédiatement traduit par un bond de l'euro au-dessus de 1,20 puis 1,22 dollar.