Le nickel a, en effet, connu une période délicate avec une baisse de 45 % sur l’année 2015. Certes cette dégradation s’est manifestée dans un climat global, réfractaire aux matières premières puisque l’indice de référence mondial, le CRB cédait sur la même période plus de 30 %. Apres avoir atteint son pic en 2011 à 27 000 USD la tonne, le métal argenté est tombé sous les 7500 USD en février dernier.

Pourtant, le nickel entre dans la composition des pièces de 1 et 2 euros, cette monnaie européenne qui a subi l’hégémonie du billet vert depuis plusieurs mois. La position dominante du dollar a également eu des effets négatifs sur l’ensemble des matières premières et par conséquent sur le minerai concerné.

Les mastodontes, spécialistes du nickel et cotés en bourse, ont vu leur valorisation, en 2015, fondre comme neige au soleil. Vale (Brésil) a perdu 47 %, Eramet (France) a cédé 65 %, et le suisse Glencore s’est effondré de 70 %. Ces groupes connaissent de réelles difficultés pour l’extraction du minerai avec des coûts de production largement supérieurs aux prix pratiqués sur les deux marchés références. (Londres et Shanghai). L’activité des transactions s’intensifie, d’ailleurs sur la place chinoise au détriment de l’historique place londonienne (LME). En effet,  la Chine pèse de plus en plus sur le marché. C’est donc chez elle que se fixe le prix du Nickel. Les usines locales consomment 70 % de la production mondiale, il devient aisé d’imaginer que le moindre ralentissement du cycle de production chinois impacte directement les cours mondiaux du Nickel. Tous les regards sont tournés vers le pays de l’empire du Milieu.

Les conséquences se font déjà sentir dans les pays producteurs, à l’image de la Nouvelle Calédonie (6e producteur mondial) mais dont les exportations de nickel représentent  90 % des exportations du territoire français. Le responsable de Glencore qui gère le gisement de Konaimbo (plus gros site) de la Nouvelle Calédonie se donne jusqu’à juin pour retrouver la rentabilité en réduisant les coûts fixes. Certes 2015 fut une année record pour le « Caillou » avec une production de 30 000 tonnes mais avec coût de production proche des 18 000 USD, soit le double du prix actuel fixé par Shanghai.

Les experts pensent qu’il faudrait réduire de 30 % la production mondiale ou que Pékin intensifie ses achats pour du stockage massif afin d’obtenir un impact positif sur les cours.
Certes, les contrats sur le Nickel ont connu une légère reprise depuis quelques semaines grâce principalement à la faiblesse (peut être que temporaire) du billet vert, cependant les cotations resteront fragilisées par la volatilité du dollar et les minces espoirs de relance durable de la production industrielle planétaire.

Les conséquences seront forcément économiques mais devraient largement déborder sur des thématiques géopolitiques comme en Nouvelle Calédonie où la baisse du nickel pourrait contrarier les rêves d’indépendance des Kanaks pour le referendum de 2018.



Le graphique montre les cotations du nickel depuis 2008 ; le début 2016 affichent des prix largement inférieurs aux années précedentes.