(Prise de Monguno, tirs près de l'aéroport de Maiduguri)

par Lanre Ola

MAIDUGURI, Nigeria, 25 janvier (Reuters) - L'armée nigériane a repoussé dimanche une attaque des islamistes de Boko Haram contre la grande ville de Maiduguri, capitale de l'Etat de Borno dans le nord-est du pays, a-t-on appris de sources proches des services de sécurité.

Des habitants ont cependant fait état de combats en début de nuit près de l'aéroport de la ville.

Les rebelles ont pris le contrôle en fin de journée d'une autre localité, Monguno, à 140 km au nord de Maiduguri.

Les combats à Maiduguri, qui avaient débuté peu après minuit, ont fait au moins huit morts et 27 blessés, en majorité des civils, selon des sources médicales.

D'autres sources militaires et civiles font état de nombreux morts dans les deux camps. "Nous ratissons le secteur à la recherche des corps. Nous avons repoussé les hommes de Boko Haram jusqu'à Auno, à 12 km de la ville, d'autres ont pris la fuite en direction de Mainok", a précisé un responsable local qui a requis l'anonymat.

Maiduguru est la plus grande ville de la région avec plus d'un million d'habitants.

Vers 09h00 locales (08h00 GMT) dimanche, on pouvait entendre des explosions et des hélicoptères de l'armée survolaient la ville de Maiduguri, où le couvre-feu a été décrété, a déclaré un journaliste de Reuters. Tous les grands axes ont été bouclés et l'activité commerçante a cessé.

L'attaque a commencé en lisière de la ville, dans le faubourg de Njimtilo.

Les islamistes qui ont lancé leur insurrection voici cinq ans dans le nord-est du Nigeria contrôlent de vastes secteurs de l'Etat de Borno et certaines régions de deux Etats voisins, Adamawa et Yobe.

LA VILLE DE MONGUNO EST TOMBÉE

Récemment, ils ont pris le contrôle de la ville et de la base militaire de Baga, près du lac Tchad, une attaque qui aurait fait officiellement 150 morts, bien plus selon certaines sources.

Monguno, attaquée dans la matinée, est tombée en fin de journée aux mains de Boko Haram. La ville est située à une cinquantaine de kilomètres de Baga. "Boko Haram a une puissance de feu bien supérieure à la nôtre, la ville de Monguno est violemment bombardée, des maisons brûlent et nos hommes prennent la fuite", avait déclaré dans l'après-midi un militaire de Maiduguri qui avait pu joindre par téléphone la garnison de Monguno.

L'incapacité de l'armée à venir à bout de l'insurrection est un casse-tête pour le président Goodluck Jonathan, qui brigue un nouveau mandat lors de l'élection du 14 février. Le chef de l'Etat s'est rendu samedi à Maiduguri dans le cadre de sa campagne électorale et le candidat de l'opposition, Muhammadu Buhari, y était attendu normalement lundi.

Les insurgés de Boko Haram ont tenté pour la dernière fois de s'emparer de Maiduguri en décembre 2013. Là aussi, ils avaient lancé leur assaut à partir de Njimtilo et avaient attaqué dans le secteur une base de l'armée de terre ainsi qu'un camp de l'armée de l'air.

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry est arrivé dans la journée à Lagos, la capitale économique du pays, pour demander aux candidats à l'élection présidentielle de respecter l'issue de ce scrutin, quelle qu'elle soit. (Avec Ardo Abdullah à Bauchi, et Julia Payne à Abuja; Eric Faye et Guy Kerivel pour le service français)