Oslo (awp/afp) - La compagnie à bas coûts Norwegian Air Shuttle, en grande difficulté financière, va renoncer au segment du long courrier, où elle était une pionnière du low cost, pour se concentrer sur l'Europe, un "retour aux bases" précipité par la crise sanitaire.

Le démantèlement de l'activité va affecter plus de 2.000 emplois et entraîner la mise en faillite de filiales en France, en Italie, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, a indiqué jeudi le directeur général, Jacob Schram.

"C'est la seule façon que nous avons d'assurer la survie de Norwegian pour être prêts quand la pandémie sera finie", a-t-il dit lors d'une conférence de presse.

Placée sous la protection des lois irlandaise et norvégienne sur les faillites, la compagnie a présenté le même jour un nouveau plan d'affaires qui prévoit son recentrage sur "un réseau de liaisons européennes sans longue distance".

Elle compte aussi réduire sa dette totale à environ 20 milliards de couronnes (environ 2 milliards d'euros) contre 66,8 milliards de couronnes à la fin du troisième trimestre, lever 4 à 5 milliards de couronnes via une nouvelle augmentation de capital et mettre en exploitation quelque 50 avions cette année, puis environ 70 en 2022.

Dans le rouge depuis 2017, Norwegian a vu ses lourdes difficultés s'aggraver encore avec la pandémie de Covid-19 qui a paralysé le transport aérien mondial l'an dernier.

Sur une flotte pré-Covid de 140 avions, seuls six appareils ont continué de voler ces derniers mois et les effectifs toujours en activité sont tombés à 600 personnes contre plus de 10.000 avant la crise.

Troisième low cost européenne --en tout cas jusqu'à la crise sanitaire--, Norwegian a révolutionné le transport transatlantique ces dernières années en essayant d'étendre au long courrier les recettes du modèle à bas coûts (concentration sur le trafic entre grandes villes, utilisation intensive des avions...).

Mais elle y a accumulé les pertes, d'autant qu'elle a subi d'incessants déboires techniques: ses Boeing 777 Dreamliner ont d'abord connu des problèmes avec leurs moteurs Rolls-Royce, puis ses Boeing 737 MAX ont, comme les autres appareils de ce modèle dans le monde, été cloués au sol après deux accidents mortels.

L'Etat norvégien à la rescousse?

Le recentrage annoncé jeudi ferme, au moins provisoirement, un chapitre de la compagnie, relancée en 2002 comme low cost par Bjørn Kjos, son ancien patron.

"La vision de Bjørn Kjos de faire de Norwegian une compagnie à bas coûts mondiale a pris fin à ce jour", a commenté l'analyste indépendant Hans Jørgen Elnaes sur la chaîne TV2 Nyhetskanalen. "Maintenant, c'est un retour aux bases. Le marché sera la Norvège, l'Europe du Nord et l'Europe".

Norwegian y sera toutefois confronté à la concurrence de son rival historique, le transporteur scandinave SAS, et de la low cost hongroise Wizz Air, en expansion sur un marché domestique norvégien qui a relativement mieux résisté à la crise que le reste de l'Europe.

L'avenir du transporteur norvégien reste conditionné à un accord en cours de négociation avec les créanciers et à celui des autorités irlandaises chargées, d'ici à la fin du mois, de se prononcer sur sa viabilité future.

Norwegian a par ailleurs indiqué avoir de nouveau sollicité l'Etat norvégien en vue d'une "possible participation étatique" à son plan d'affaires, sans préciser la nature exacte de cette éventuelle participation.

"Ce que Norwegian esquisse aujourd'hui est différent de la demande que nous avions examinée en novembre l'an dernier", a réagi la ministre du Commerce et de l'Industrie, Iselin Nybø, sous pression d'une partie de la classe politique qui réclame une intervention publique.

"Nous sommes maintenant en train d'évaluer attentivement la nouvelle demande", a-t-elle ajouté dans un communiqué.

Après avoir bénéficié de 3 milliards de couronnes d'aides publiques avant l'été, Norwegian avait subi un revers cinglant en novembre quand ses demandes d'argent frais avaient été rejetées par le gouvernement de centre droit.

En milieu de journée, la très volatile action Norwegian cédait 4,62% à la Bourse d'Oslo, portant sa chute depuis un an à 98,28%.

afp/lk