Comme les autres instituts d'impression monétaire, la BCE s'est lancée, depuis 2015, dans un gigantesque programme de création monétaire qui dépassera 2.100 milliards d'euros. Or, contre toute attente, la création monétaire de la BCE amène à peine l'inflation au seuil symbolique de 2 % dont cette institution devra d'ailleurs peut-être faire le deuil. Bien sûr, il existe une inflation du prix des actifs (valeurs boursières, immobilier, etc.), mais elle ne se traduit pas dans les flux de consommation, indique Bruno Colmant, chef économiste de la banque Degroof Petercam.

Selon lui, l'inflation reste basse et le chômage élevé dans le sillage d'un contexte déflationniste, lui-même entretenu par le vieillissement de la population et le choc digital. La politique budgétaire et monétaire européenne a entretenu ces mêmes forces dans une crise de la demande et un marché du travail déstructuré.

Il est possible que l'inflation reste basse dans un contexte de stagnation séculaire que certains assimilent à un scénario " à la japonaise ". Le passage du choc générationnel du papy-boom et un retour à une confiance dans le futur permettront peut-être de retrouver la croissance et l'inflation.

Mais ce n'est pas tout : il faudra de massifs programmes d'investissements publics et privés dans les domaines de l'énergie, des communications et des défis sociétaux tels le climat et les migrations.

Pour Bruno Colmant, la réalité politique nous fait face : sans promotion du travail, nos économies pourraient succomber sous leurs propres maux d'un capital désinflaté. Il s'agit donc d'un débat politique.