Tokyo (awp/afp) - Le cours de la monnaie virtuelle bitcoin a de nouveau lourdement chuté vendredi lors des échanges en Asie, après un premier gros décrochage mercredi et alors qu'il semblait encore en passe d'atteindre les 20.000 dollars en début de semaine.

Le bitcoin est tombé jusqu'à 12.191 dollars vendredi à 16H23 heure de Tokyo (7H27 GMT), une chute de près de 23% par rapport à son plus haut niveau en début de matinée en Asie (15.801 dollars).

Vers 18H53 (9H53 GMT) il réduisait ses pertes, tournant autour de 13.800 dollars, selon des données compilées par l'agence Bloomberg.

"Le bitcoin a pris un coup de massue durant les échanges en Asie dans la nuit et se montre instable alors que les marchés ouvrent en Europe", a commenté dans une note l'analyste Neil Wilson de la société londonienne ETX Capital.

"Est-ce que la bulle a finalement éclaté? Il est difficile de savoir si le glas a déjà sonné. Les fortes fluctuations de prix sont devenues tellement normales qu'il est difficile de décider", a-t-il ajouté, estimant qu'un rebond était aussi possible à court terme.

La plus célèbre des cryptomonnaies fait actuellement l'objet d'une intense spéculation et son cours était monté en flèche depuis mi-novembre, alors qu'il avait commencé l'année autour de 1.000 dollars.

- 'Retour sur terre' -

Selon Stephen Innes, chef des échanges en Asie-Pacifique chez OANDA, société de services pour les marchés de devises, les investisseurs du bitcoin étaient confrontés à "un retour sur terre".

"Une demande effrénée" pour la cryptomonnaie avec une disponibilité limitée "a conduit des investisseurs inexpérimentés à être pris la main dans le sac", a-t-il ajouté.

L'étoile du bitcoin avait déjà commencé à pâlir sérieusement mercredi après des informations de piratage d'une plateforme d'échanges de cryptomonnaies en Corée du Sud, Youbit, laquelle a annoncé dans la foulée son intention de déposer le bilan.

Le marché du bitcoin est particulièrement important au Japon, ainsi que dans d'autres pays asiatiques comme la Corée du Sud.

Contrairement au dollar ou à l'euro, ce moyen de paiement n'est pas émis par des Banques centrales mais "miné", ou créé, de manière décentralisée par des ordinateurs utilisant des algorithmes complexes pour produire une chaîne de blocs de transactions codés et authentifiés (technologie dite "blockchain").

Les banques, qui avec le bitcoin ne jouent plus leur rôle classique d'intermédiaires dans les transactions financières, critiquent notamment un manque de transparence dans la fixation de son prix, dont le bond vertigineux avait été jugé jeudi "anormal" par le gouverneur de la Banque du Japon, Haruhiko Kuroda.

Des responsables de la Banque centrale européenne (BCE) et de la Réserve fédérale américaine (Fed) ont aussi déjà exprimé des craintes sur le sujet, tandis que la Banque centrale de Singapour a recommandé aux investisseurs d'agir avec "une extrême prudence" vis-à-vis du bitcoin.

Le bitcoin a toutefois gagné en légitimité ce mois-ci avec le lancement de produits spéculatifs basés sur la cryptomonnaie par deux marchés boursiers américains de Chicago.

afp/al