PARIS, 19 avril (Reuters) - Une sortie de la Grèce de l'euro est une hypothèse ni souhaitable ni crédible mais Athènes doit formuler rapidement des propositions crédibles pour retrouver un modèle économique viable, a déclaré le gouverneur de la Banque de France Christian Noyer.

Dans une interview à paraître lundi dans Le Figaro, il estime qu'un tel événement, s'il survenait, "serait bien sûr un traumatisme pour la zone euro" et affecterait l'ensemble de l'économie mondiale.

"Mais les conséquences seraient surtout dramatiques pour la Grèce qui subirait une crise économique majeure sans résoudre en rien ses problèmes fondamentaux de croissance et de chômage", a ajouté Christian Noyer, qui est membre du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne.

"C'est donc une issue qui n'est ni souhaitable, ni jugée crédible par ses partenaires."

"La balle est dans le camp du gouvernement grec. On a perdu beaucoup de temps. Les autorités grecques doivent faire très rapidement une proposition complète de réformes susceptibles de leur permettre de retrouver un modèle économique viable", dit-il encore.

Ce programme de réformes est réclamé par les pays de la zone euro et le Fonds monétaire international en échange d'un aménagement possible de la dette du pays, avec en perspective une échéance d'un milliard d'euros auprès du FMI que la Grèce pourrait avoir du mal à honorer le mois prochain.

Les ministres des Finances de la zone euro se réunissent en fin de semaine à Riga mais le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a estimé vendredi que les conditions d'un accord n'étaient pas encore réunies..

Alors que la BCE fournit aujourd'hui aux banques grecques des liquidités d'urgence, Christian Noyer a estimé qu'"il faut envisager qu'à un certain moment les banques grecques risquent d'être dans l'impossibilité d'offrir assez de collatéraux pour accéder au refinancement, même au titre des liquidités d'urgence."

"Il est donc urgent que la Grèce mette un terme à la situation actuelle et que le gouvernement d'Athènes mette en place un programme, avec le FMI et l'appui des autres pays de la zone euro, qui soit crédible et rétablisse la confiance, y compris en Grèce", a-t-il dit.

(Yann Le Guernigou)