par Parisa Hafezi et John Irish et Louis Charbonneau

LAUSANNE, Suisse, 29 mars (Reuters) - John Kerry a annulé sa présence à Boston pour une cérémonie en l'honneur de son défunt ami Edward Kennedy, alors que les négociations sur le programme nucléaire iranien s'intensifient à Lausanne, en Suisse, à l'approche de la date-butoir de mardi pour conclure un accord-cadre.

La porte-parole du secrétaire d'Etat américain a déclaré dimanche qu'il regrettait de ne pouvoir assister à la cérémonie d'inauguration d'un institut portant le nom de l'ancien sénateur Edward Kennedy, mentor de John Kerry décédé en 2009.

Selon des responsables au fait des négociations, les ministres des Affaires étrangères français et allemand, Laurent Fabius et Frank-Walter Steinemeier, envisagent de reporter un voyage commun prévu au Kazakhstan, afin de se concentrer d'ici mardi sur la levée des derniers obstacles à un accord cadre censé dessiner les grandes lignes de ce qui sera un accord définitif, lequel doit être conclu au plus tard le 30 juin.

John Kerry et son homologue iranien, Mohammad Javad Zarif, se trouvent à Lausanne depuis plusieurs jours pour tenter de conclure cet accord transitoire d'ici mardi. Ils ont eu plusieurs sessions de discussions samedi et se sont vus de nouveau dimanche matin.

Laurent Fabius et Frank-Walter Steinmeier les ont rejoints samedi en Suisse, et leurs homologues chinois, britannique et russe devaient à leur tour arriver ce dimanche.

L'Iran et les six grands pays impliqués dans les discussions sur son programme nucléaire sont proches d'un accord sur un texte de deux ou trois pages avec des chiffres précis qui formerait la base d'un accord définitif, mais l'issue est encore incertaine et la prudence reste de mise à Lausanne.

Selon Zarif, il importe désormais que les puissances "5 +1" (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité et l'Allemagne) fassent des compromis.

DUREE DE DIX ANS MINIMUM

"Lors de négociations, les deux parties doivent faire preuve de souplesse", a-t-il écrit sur Twitter. "Nous sommes prêts à conclure un accord bon pour tous. Nous attendons de nos homologues qu'ils y soient prêts eux aussi".

Mais pour les responsables occidentaux au courant des négociations, c'est à l'Iran de faire des compromis sur les points d'accroc restants.

"Le travail, sérieux mais difficile, se poursuit", a dit un haut responsable du département d'Etat américain. "Nous nous attendons à ce que le rythme s'accélère, à mesure que nous évaluons si un accord est possible".

En cas d'entente, le texte évoquera les chiffres-clés d'un futur règlement définitif de la crise qui a éclaté à l'été 2002 avec les premières révélations sur l'existence d'un programme nucléaire clandestin.

Parmi ces chiffres figurent le nombre maximum et le type de centrifugeuses ainsi que le volume des stocks d'uranium que l'Iran conserver, le type de recherche (R&D) qu'il pourra entreprendre et les étapes concernant la levée des sanctions qui pèsent sur l'économie iranienne.

"Le paquet enrichissement et R&D n'est pas réglé", a dit un diplomate occidental en début de week-end. Un des chiffres clés devrait être la durée de l'accord, dix ans minimum a priori.

A l'expiration de ce délai, il devrait y avoir une période de surveillance particulière du programme nucléaire de Téhéran.

Si l'Iran cesse ses travaux nucléaires sensibles, les sanctions à son encontre seront progressivement levées et la confrontation larvée entre Téhéran et l'Occident pourrait prendre fin.

(Henri-Pierre André, Jean-Philippe Lefief et Eric Faye pour le service français)