(Actualisé avec Rohani, nouvelle proposition de représailles)

DUBAI, 3 décembre (Reuters) - La décision du Sénat américain, qui a reconduit pour dix ans les sanctions à l'encontre de Téhéran, montre que les Etats-Unis ne respectent pas leurs engagements, a déclaré samedi le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif.

Les sénateurs se sont prononcés jeudi à l'unanimité pour la prorogation de l'Iran Sanction Act (ISA), qui avait été approuvée en novembre par la Chambre des représentants.

La République islamique a promis des représailles après ce vote qu'elle juge contraire à l'accord conclu en juillet 2015 avec les grandes puissances, qui prévoit l'encadrement de son programme nucléaire en échange d'une levée progressive des sanctions.

"La prolongation des sanctions imposées à l'Iran montre à la communauté internationale que les Etats-Unis ne sont pas fiables. L'Amérique va à l'encontre de ses engagements", a estimé le chef de la diplomatie iranienne, qui effectue une visite en Inde, rapporte la chaîne de télévision publique Irib.

L'administration américaine assure que l'ISA nouvelle version ne contrevient pas à l'accord de juillet 2015. Barack Obama devrait le promulguer, bien que la Maison blanche ait fait savoir qu'elle n'était pas favorable à la reconduction des sanctions.

Certains élus américains ont aussi fait valoir que la reconduction de l'ISA rendrait plus facile le rétablissement de sanctions si l'Iran contrevenait à l'accord nucléaire.

Mais celui qui a joué un rôle clé dans la négociation de l'accord nucléaire, le directeur de l'agence iranienne de l'énergie atomique Ali Akbar Salehi, a estimé que la prorogation de l'ISA, si elle est mise en oeuvre, serait une "violation flagrante" du compromis de juillet 2015.

Le dégel constaté entre Washington et Téhéran ces deux dernières années risque d'être mis en danger avec l'entrée à la Maison blanche du républicain Donald Trump le mois prochain. Le milliardaire populiste a fait connaître pendant la campagne présidentielle son intention de dénoncer l'accord nucléaire.

Le vote du Sénat des Etats-Unis a été un choc pour le président iranien Hassan Rohani, artisan de l'ouverture de la République islamique à l'Occident qui a permis d'aboutir à l'accord nucléaire.

"Il (l'accord nucléaire) est le résultat des efforts de sept pays et un pays à lui seul ne devrait pas être autorisé à l'affaiblir", a déclaré samedi le président iranien cité par l'agence de presse Irna.

Le guide suprême de la révolution iranienne, l'ayatollah Ali Khamenei, a quant à lui menacé la semaine dernière les Etats-Unis de représailles en cas de prolongation des sanctions.

Selon Behrouz Nemati, porte-parole de la présidence du parlement iranien cité samedi par la télévision publique, une proposition de loi demandant le retour "aux conditions initiales" d'enrichissement d'uranium sera déposée dimanche.

Un groupe de députés a également l'intention de présenter une proposition de loi dimanche visant à interdire "l'achat de biens de consommation américains, notamment des produits d'origine animale et agricole", rapporte la chaîne Irib.

Cette proposition pourrait compromettre des accords en projet comme celui de l'avionneur américain Boeing qui souhaite vendre des appareils à l'Iran. (Rédaction de Dubaï; Jean-Philippe Lefief et Danielle Rouquié pour le service français)