En cette année 2016, l’or constitue un des rares supports gagnants contrairement aux actions qui se situent dans un schéma d’indécision global, sans tendance primaire affirmée. Avec 15 % gagné par l’once dorée sur les cinq premiers mois en dollars US, l’avancée correspond à la plus forte hausse trimestrielle sur 30 ans. De plus, la configuration graphique est venue appuyer la thèse de la reprise dynamique, avec une ouverture annuelle correspondant au plus bas de 2016.

Il faut dire que cette réaction haussière s’inscrit après trois années consécutives de baisse, soit une dégradation totale de plus 45 % depuis le zénith de septembre 2011. A l’époque, l’once se négociait à 1920 USD.

Quelles raisons ont poussé les investisseurs à revenir sur cette valeur refuge?

En freinant sa politique de normalisation des taux, la banque centrale américaine a favorisé la hausse de l’or qui se trouve logiquement, recherché dès lors que les marchés obligataires rapportent peu voire même plus rien, comme sur certaines places où les taux d’intérêt ressortent négatifs.
Les demandes chinoise et russe en métal jaune affichent de l’intensité et devraient soutenir les prix, tout comme l’ensemble des banques nationales qui repassent en mode « achat » avec un solde positif de plus de 100 tonnes d’or.

Les ETF, fonds spécialisés sur les métaux précieux qui investissent directement sur le marché physique, ont vu, également, leurs encours progresser de plus de 20% à fin mars (+364 tonnes), un des plus importants trimestres après le T1 2009, date de la crise financière. Les investisseurs ont recherché la sécurité contre l’incertitude financière et économique grandissante. Cette aversion aux risques momentanée a remis en avant la notion de valeur refuge de l’or, en parallèle à la relative faiblesse du dollar. En effet, la tenue du billet vert modifie la donne sur l’or. Un affaiblissement de la devise américaine, monnaie dans laquelle sont libellées les matières premières, rend ces dernières relativement moins chères pour les investisseurs munis d'autres devises.

Enfin, la remontée des prix du pétrole fait ressurgir les perspectives d’une reprise de l’inflation qui favorise l’achat de métaux précieux, véritables boucliers contre la hausse généralisée des prix. Cette dernière constitue, néanmoins, l’objectif recherché par de nombreuses politiques monétaires accommodantes.

 Faut-il encaisser les bénéfices ?

Depuis le récent message de la Fed sur la probabilité de hausse des taux américains, la surperformance pourrait s’affaiblir avec le rebond du dollar. De plus, une nouvelle faiblesse du yuan pourrait entrainer une déflation néfaste au métal jaune. Seule, la persistance de la hausse des prix sur le pétrole pourrait favoriser la reprise de l’inflation mais il s’agit d’un marché déterminé par l’offre qui s’ajuste en permanence en fonction des prix, par conséquent, les chances restent minimes.
Le marché aurifère devrait y trouver ses limites de progression à  court/moyen terme.