VIENTIANE, 28 août (Reuters) - Le régime communiste du Laos, qui s'est longtemps tenu à l'écart de la scène internationale, accueillera du 6 au 8 septembre le 28e sommet de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN), où le président américain Barack Obama est attendu entre autres.

Le chef d'Etat américain est susceptible de poursuivre à cette occasion sa stratégie de "rééquilibrage" dans la région, nouant ou renforçant des alliances pour faire contrepoids à la puissance militaire chinoise.

Le Laos, longtemps vu comme un régime étroitement lié à la Chine avec laquelle il partage une frontière au nord, montre des signes d'indépendance et pourrait donc faire l'objet d'une tentative de rapprochement par Washington, jugent des diplomates.

Les nouveaux dirigeants du pays paraissent en effet pencher davantage vers le Vietnam voisin que vers la Chine comme allié et les disputes sino-vietnamiennes en Mer de Chine du Sud ont contribué dernièrement à rapprocher Hanoï des Etats-Unis.

"Le nouveau gouvernement est plus influencé par les Vietnamiens que par les Chinois", estime un diplomate occidental dans la région. "Il n'est jamais trop tard pour une visite d'un président américain", ajoute-t-il.

Obama sera le premier président américain en exercice à se rendre au Laos, où les Etats-Unis ont mené une guerre secrète parallèle à celle du Vietnam, bombardant le pays d'environ deux millions de tonnes d'explosifs. Près d'un tiers des bombes n'ont pas explosé, laissant le pays miné.

Bien que la communication diplomatique réduite des dirigeants laotiens empêche toute certitude, des diplomates estiment que leur position est en train d'évoluer.

Le pays développe des usines hydroélectriques le long du fleuve du Mékong, dans le but avoué de devenir le producteur d'électricité de toute l'Asie.

Le vice-Premier ministre laotien, Somsavat Lengsavad, qui soutenait un projet ferroviaire considérable en partenariat avec la Chine, a pris sa retraite récemment, et le projet est depuis au point mort, tandis que les rapprochements entre Vientiane et Hanoï se sont multipliés.

Le nouveau gouvernement du Premier ministre Thongloun Sisoulith compte de nombreux responsables éduqués au Vietnam, et ces derniers se sont rendus à Hanoï en masse ces dernières semaines, pour leur première visite officielle.

Toutefois, les investissement chinois, qui ont représenté près d'un milliard de dollars en 2014 et 2015, selon Pékin, restent largement majoritaires dans le pays, l'un des plus pauvres de la région, face aux fonds vietnamiens ou américains. (Marius Zaharia avec Arshad Mohammed, Idrees Ali, Michael Martina et Ben Blanchard; Julie Carriat pour le service français)