(Avec déclarations d'Obama)

WASHINGTON, 16 septembre (Reuters) - Barack Obama a annoncé mardi l'envoi de 3.000 militaires en Afrique de l'Ouest dans le cadre d'un vaste plan de lutte contre l'épidémie de fièvre Ebola, qui prévoit la construction de 17 centres de traitement.

Le président américain, souvent critiqué ces derniers temps pour son manque d'initiative face à cette crise sanitaire de grande ampleur, a présenté ce plan lors d'une visite du Centre de contrôle et de prévention des maladies à Atlanta.

"La réalité est que cette épidémie va s'aggraver avant de connaître une amélioration", a déclaré Barack Obama. "Mais aujourd'hui, le monde a encore la possibilité de sauver un nombre incalculable de vies. Aujourd'hui, le monde a la responsabilité d'agir et d'en faire davantage. Les Etats-Unis d'Amérique ont l'intention d'en faire davantage", a-t-il dit.

Selon le dernier pointage de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), l'épidémie a fait 2.461 morts depuis mars en Afrique de l'Ouest, sur 4.985 cas recensés.

"La crise sanitaire à laquelle nous sommes confrontés n'a pas d'équivalent dans l'époque moderne", a dit Bruce Aylward, directeur général adjoint de l'OMS, lors d'une conférence de presse à Genève. "Nous ne savons pas jusqu'où grimperont ces chiffres."

Le plan américain prévoit la mise en place d'un centre de commandement à Monrovia, la capitale du Liberia, pour coordonner les efforts de lutte, et impliquera 3.000 militaires, parmi lesquels des médecins et des ingénieurs.

UNE "MENACE À LA SÉCURITÉ MONDIALE"

Le personnel médical militaire américain prévoit de former à la lutte contre Ebola quelque 500 travailleurs de santé par semaine pendant une durée d'environ six mois.

Les centres de traitement seront construits au plus vite et ils compteront chacun cent lits.

L'OMS estime que les trois pays les plus touchés - Guinée, Liberia et Sierra Leone - ont besoin de trois à quatre fois plus de personnels médicaux, soit environ 600 professionnels de la santé étrangers et au moins 10.000 locaux.

Barack Obama a prévenu que si l'épidémie n'était pas stoppée dès maintenant, des centaines de milliers de personnes pourraient être infectées par le virus, apparu pour la première fois en 1976 dans l'ex-Zaïre et réapparu en février dernier en Guinée forestière.

"Ce n'est pas seulement une menace pour la sécurité régionale. C'est une menace virtuelle à la sécurité mondiale, si ces pays s'effondrent, si leurs économies s'effondrent, si leurs populations paniquent", a dit le président américain.

La directrice générale de l'OMS, Margaret Chan, s'est félicitée des mesures prises par Washington. "C'est précisément le genre de changement d'échelle qu'il nous faut pour enrayer la maladie et commencer à inverser la courbe", a-t-elle déclaré.

A ce jour, Cuba et la Chine ont fait savoir qu'ils enverraient du personnel médical en Sierra Leone.

Cuba va déployer 165 médecins en octobre et la Chine enverra un laboratoire mobile avec 59 personnes afin d'accélérer les opérations de dépistage de la maladie. Les Chinois comptent déjà 115 personnels de santé dans ce pays, où ils financent un hôpital.

L'administration Obama a demandé de son côté au Congrès d'autoriser le déblocage de 88 millions de dollars pour la lutte contre Ebola, dont 58 millions pour accélérer la production du vaccin ZMapp et de deux autres traitements expérimentaux.

L'Agence américaine pour le développement international (USAID) va par ailleurs participer à un programme de distribution de kits de protection à 400.000 foyers libériens exposés à la maladie. (Jeff Mason, James Harding Giahyue; Jean-Stéphane Brosse et Eric Faye pour le service français)