* Une OPE à $1,17 milliard pour concurrencer Staples

* Annonce prématurée de l'accord, puis confirmation

* Le nom, le siège et le CEO restent à déterminer

* OfficeMax monte encore à Wall Street, Office Depot dégringole (Actualisé avec des détails sur les ratés de l'annonce)

par Phil Wahba

20 février (Reuters) - Office Depot et OfficeMax ont officialisé mercredi leur projet de fusion d'un montant de 1,17 milliard de dollars (875 millions d'euros), confirmant un accord annoncé d'abord par inadvertance par Office Depot avant sa conclusion.

Le rapprochement des deux groupes, sous la forme d'une offre publique d'échange d'actions, donnera naissance à un géant des solutions de bureau pesant 18 milliards de dollars de chiffre d'affaires, qui concurrencera frontalement Staples, l'actuel numéro un du marché.

Les actionnaires d'OfficeMax recevront 2,69 actions ordinaires d'Office Depot pour chaque titre ordinaire apporté à l'offre, soit l'équivalent de 13,50 dollars par action compte tenu des quelque 86,7 millions de titres en circulation.

OfficeMax a précisé que son actionnaire BC Partners et ses affiliés avaient décidé de voter en faveur de la fusion.

Le projet de mariage des deux distributeurs de fournitures de bureau avait été révélé dès lundi soir par le Wall Street Journal, et l'information avait fait bondir l'action OfficeMax de 20% le lendemain à Wall Street.

Mais elle chutait de 11,69% à 11,48 dollars mercredi vers 20h40 GMT, après une pointe à 14,91 plus tôt dans la séance. Office Depot reculait pour sa part de 22,11% à 3,91 dollars après avoir bondi de plus de 9% dans les premiers échanges.

Le titre Staples cédait 6,72% à 13,66 dollars.

Office Depot a dans un premier temps publié un communiqué sur ses résultats trimestriels au bas duquel figuraient les détails de l'OPE. Le groupe a ensuite retiré ce texte de son site internet, une source indiquant alors que ce n'était qu'un projet de communiqué et que l'accord n'était pas encore finalisé.

Peu après, OfficeMax annonçait à son tour la fusion.

Lors d'une présentation de la transaction aux analystes financier, le directeur général d'Office Depot Neil Austrian a déclaré qu'un prestatataire internet de l'entreprise avait diffusé le communiqué annonçant la fusion "bien avant" ce qui avait été prévu.

Thomson Reuters a reconnu que l'une de ses divisions, en passe d'être vendue à Nasdaq OMX, était à l'origine de cette publication prématurée.

"Nous regrettons cette erreur et prenons toutes les mesures nécessaires pour améliorer nos procédures et nos systèmes de contrôles afin de faire en sorte que cela ne se reproduise", a déclaré Thomson Reuters dans un communiqué.

FUSION ENTRE ÉGAUX

Bien qu'Office Depot soit plus important qu'OfficeMax, le rapprochement est présenté comme une fusion entre égaux et le conseil d'administration de la nouvelle entité réunira un nombre égal de représentants des deux groupes.

Mais le nom de la nouvelle entité reste à trouver, tout comme la localisation de son siège et l'identité de son directeur général - un flou qui trahit la précipitation dans laquelle la fusion a été confirmée après la gaffe d'Office Depot.

Dans un communiqué, les deux groupes indiquent que leurs directeurs généraux, Neil Austrian pour Office Depot et Ravi Saligram pour OfficeMax, sont tous deux candidats pour diriger la future entreprise.

Les dirigeants d'Office Depot ont dit que les actionnaires de l'entreprise détiendraient 51% du nouvel ensemble, ceux d'OfficeMax 44% et BC Partners 5%.

Les distributeurs de fournitures de bureau, dont l'activité fait figure de baromètre de la santé de l'économie, ont souffert de la baisse de la demande pendant la récession américaine et ils pâtissent aujourd'hui de la concurrence accrue de généralistes comme Amazon ou Wal-Mart.

Office Depot et OfficeMax s'attendent à ce que leur fusion, qu'ils comptent boucler avant la fin 2013, permette de dégager des synergies annuelles de l'ordre de 400 à 600 millions de dollars à un horizon de fin 2016.

Wall Street misait sur cet accord en jugeant le secteur mûr pour une concentration. Anthony Chukumba, analyste chez BB&T Capital Markets, juge d'ailleurs que la fusion de ses deux rivaux fera aussi l'affaire du numéro un Staples.

"A l'évidence, cette fusion ne pourra pas marcher si on ne ferme pas un paquet de magasins. Il fallait depuis longtemps une rationalisation du nombre de magasins, et Staples aura tout à gagner de la fermeture de points de vente concurrents", dit-il.

Staples contrôle 39,9% du marché américain des fournitures de bureau, à comparer à des parts de marché de 19,2% pour Office Depot et de 15,7% pour OfficeMax, selon Euromonitor International.

Office Depot et OfficeMax devront peut-être consentir à quelques concessions pour obtenir l'aval des autorités de concurrence américaines.

Mais les analystes pensent toutefois que ces dernières seront moins exigeantes que lorsqu'Office Depot avait tenté, en vain, de racheter Staples dans les années 1990. (Avec Caroline Humer et Dhanya Skariachan, Julien Dury et; Véronique Tison pour le service français, édité par Dominique Rodriguez)