S'exprimant pour la première fois depuis le référendum, George Osborne a dit qu'il était en contact étroit avec la Banque d'Angleterre et avec des responsables économiques et financiers internationaux pour assurer la stabilité pendant les négociations avec l'UE.

"Notre économie est aussi solide que possible pour faire face aux défis auxquels notre pays est dorénavant exposé", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse avant l'ouverture des marchés financiers. "Il est inévitable qu'à l'issue du vote de jeudi, l'économie britannique devra s'adapter à la situation nouvelle dans laquelle nous nous trouvons".

Le ministre des Finances a reconnu que les finances publiques du pays souffriraient du Brexit mais il a ajouté que de nouvelles mesures budgétaires ne seraient pas proposées avant l'automne, quand un nouveau Premier ministre sera choisi, vraisemblablement au mois d'octobre.

George Osborne avait prévenu avant le référendum qu'un collectif budgétaire s'imposerait et que le pays risquait de subir une perte de confiance envers ses finances publiques si le "Leave" l'emportait le 23 juin.

"Il faudra prendre des décisions pour gérer l'impact sur les finances publiques mais il est évidemment tout à fait sensé d'attendre jusqu'à ce que nous ayons un nouveau Premier ministre pour en fixer la teneur", a-t-il expliqué lundi.

LA BAISSE DES BOURSES ET DE LA LIVRE CONTINUE

L'ex-maire de Londres Boris Johnson, figure de proue du Brexit et probable candidat à la succession de David Cameron, a salué Osborne pour avoir dit "des choses rassurantes pour les marchés". Il a jugé qu'il était maintenant évident que "les retraites sont assurées, la livre est stable, les marchés sont stables; autant de bonnes nouvelles".

Sur les marchés financiers, la livre sterling a pourtant inscrit un peu plus tard un nouveau plus bas de 31 ans de 1,3221 dollar et s'échangeait face à l'euro au plus bas depuis mars 2014.

La Bourse de Londres perdait quant à elle 1,58% à la mi-séance tandis que l'indice européen Stoxx 600 abandonnait 2,85% et que Wall Street était annoncée en baisse d'environ 0,6% à l'ouverture.

Les valeurs bancaires européennes restaient parmi les plus exposées au mouvement de baisse générale, leur indice de référence cédant plus de 7%.

David Cameron, qui devait s'exprimer à la Chambres des communes vers 14h30 GMT, s'est jusqu'à présent refusé à notifier officiellement à l'UE l'intention de la Grande-Bretagne de la quitter, préférant en laisser le soin à son successeur à la tête du Parti conservateur et du gouvernement.

Ce processus risquant donc de ne pas être lancé avant octobre, la Grande-Bretagne et l'Union européenne se retrouvent d'ici là dans un vide politique. C'est pourquoi nombre de chefs d'Etat et de gouvernement européens veulent faire vite et soulignent que la décision issue du référendum est irréversible.

LA GRANDE-BRETAGNE RISQUE UNE RÉCESSION

"La France comme l'Allemagne disent 'la Grande-Bretagne a voté, elle a voté pour le Brexit, le Brexit doit se mettre en oeuvre dès maintenant'", a souligné le ministre français des Finances Michel Sapin.

Une opinion partagée par le commissaire européen à l'Economie numérique, Günther Oettinger. "L'incertitude dissuade les investisseurs d'investir en Grande-Bretagne mais également sur les autres marchés européens", a-t-il dit. "Cameron et son parti vont faire des dégâts s'ils attendent jusqu'à octobre".

Si la chancelière Angela Merkel s'est montrée plus souple, soulignant la nécessité de poursuivre une relation commerciale positive avec Londres, Volker Kauder, le chef de file de la CDU, le parti de la chancelière, a dit: "Il n'y aura aucun traitement de faveur, aucun cadeau ne sera fait".

Beaucoup d'économistes ont réduit leurs prévisions de croissance pour la Grande-Bretagne et Goldman Sachs et Crédit Suisse anticipent même une légère récession au cours de l'année à venir. Pour Barclays et de Natixis, la récession risque de démarrer dès la second semestre.

Et les risques vont bien au-delà de la seule économie britannique.

"Dans le contexte de la mondialisation, il est impossible pour chaque pays de parler de son propre développement sans tenir compte de l'environnement économique mondial", a dit le Premier ministre chinois, Li Keqiang, au World Economic Forum à Tianjin.

Son homologue japonais, Shinzo Abe, a lui demandé à son ministre des Finances de suivre "de plus près que jamais" l'évolution du marché des changes et de prendre des mesures si nécessaire.

(Avec Kevin Yao, Costas Pitas, Bate Felix, Andrea Shalal, Minami Funakoshi et Tetsushi Kajimoto, avec David Stamp, Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Marc Angrand)

par William James