(Précisions)

par Randall Palmer et David Ljunggren

OTTAWA, 23 octobre (Reuters) - Le Premier ministre canadien Stephen Harper s'est engagé jeudi à renforcer les moyens des forces de sécurité en matière de surveillance et de détention, au lendemain de la fusillade qui a semé la panique au parlement fédéral.

Le parlement votera rapidement l'extension des pouvoirs donnés aux forces de sécurité pour lutter contre la menace extrémiste, a annoncé le chef du gouvernement canadien devant la Chambre des communes, à quelques mètres du lieu où un tireur, un homme converti à l'islam, a été abattu mercredi après avoir tué un militaire.

"Le but de ces attaques est d'insuffler la peur et la panique dans notre pays", a déclaré Stephen Harper. "Les Canadiens ne se laisseront pas intimider. Nous serons vigilants mais nous ne fuirons pas. Nous serons prudents mais nous ne céderons pas à la panique."

La police a confirmé jeudi lors d'une conférence de presse que le tireur était un Canadien de 32 ans converti à l'islam, Michael Zehaf-Bibeau, qui avait peut-être aussi la nationalité libyenne par son père.

Il a agi seul et espérait se rendre en Syrie, selon ce que sa mère a déclaré mercredi aux enquêteurs, a ajouté la police.

Il ne figurait pourtant pas sur la liste des quelque 90 personnes à haut risque sur lesquelles la police canadienne enquêtait et susceptibles de vouloir aller se battre aux côtés des islamistes en Irak ou en Syrie.

La fusillade d'Ottawa, ajoute la police, n'est apparemment pas liée à l'attaque commise lundi par un homme également converti à l'islam, Martin Ahmad Rouleau, qui a fauché avec sa voiture deux soldats près de Montréal. L'un des deux militaires a succombé à ses blessures.

Selon ses proches, Zehaf-Bibeau, qui avait eu dans le passé des ennuis avec la police pour un vol et des menaces, ne se comportait pas de façon normale.

TROUBLES MENTAUX ?

"Il ne s'adaptait pas. Je lui ai parlé la semaine dernière lors d'un déjeuner, je ne l'avais pas vu depuis cinq ans", a dit une femme se présentant comme sa mère, dans une déclaration à l'Associated Press.

Il y a plusieurs années, Michael Zehaf-Bibeau avait fréquenté la mosquée Masjid Al Salaam à Vancouver, a dit le père d'une de ses anciennes connaissances. Selon cet homme, John Bathurst, Zehaf-Bibeau était probablement atteint de troubles mentaux.

Pendant une dizaine de jours avant l'attaque de mercredi, Zehaf-Bibeau est resté dans un asile pour sans-abri d'Ottawa, ont dit plusieurs témoins à Reuters.

Les deux agresseurs de lundi et mercredi pourraient avoir été influencés par l'ancien porte-parole du groupe islamiste britannique Islam4UK, Anjem Choudary.

L'homme, figure musulmane radicale de la Grande-Bretagne, a nié jeudi toute implication dans ces événements mais a mis en garde contre des attaques similaires menées par des musulmans radicaux en Grande-Bretagne.

"Je n'ai aucune idée de qui était (le tireur) et il semblerait que l'homme qui a écrasé deux soldats me suivait également sur Twitter", a déclaré Anjem Choudary à Reuters.

"Nous vivons dans une communauté mondiale et il ne fait aucun doute que des musulmans du monde entier voulant en savoir plus sur la charia se tourneront vers nous à un moment ou à un autre (...) Cela ne veut pas dire que nous les encourageons à commettre des actes terroristes."

Le gouvernement canadien a annoncé ce mois-ci l'envoi de six chasseurs pour effectuer des frappes aériennes contre le groupe Etat islamique (EI) en Irak et en Syrie. (Michael Holden; Agathe Machecourt et Guy Kerivel pour le service français)