(Répétition sans changement d'une dépêche diffusée vendredi)

* Le Stoxx 600 aligne une huitième semaine de hausse

* Le risque politique italien a surtout affecté les actifs du pays

* La faiblesse de l'euro continue de porter les Bourses en Europe

* Attention à une hausse trop forte du pétrole et des taux

par Blandine Henault

PARIS, 21 mai (Reuters) - Et de huit ! Malgré la multiplication des facteurs de risque, l'Italie étant le dernier en date, les marchés d'actions européens ont signé une huitième semaine consécutive de hausse, une série sans précédent depuis juin 2014, poursuivant le rally entamé début avril, que même Wall Street a de quoi envier.

L'indice paneuropéen Stoxx 600 a enregistré sur la semaine écoulé un gain de 0,58%, portant à plus de 6,1% son rebond quasi-linéaire depuis un mois et demi.

Sur la même période, le CAC 40 affiche un bond de 8,7%, ce qui lui a permis de clôturer jeudi à plus de 5.600 points pour la première fois depuis la toute fin de 2007.

Comparativement, le S&P 500 affiche une évolution beaucoup plus heurtée et moindre: "seulement" +2,9% depuis début avril.

"Il faut noter que la progression des Bourses européennes est loin d'avoir été générale. Le Dax est en retard: après avoir pris en pleine figure les craintes commerciales et la hausse de l'euro en début d'année, il n'est encore qu'à mi-chemin (hors dividendes réinvestis) de son plus haut de janvier", note Vincent Guenzi, directeur de la stratégie d'investissements chez Cholet Dupont.

"Le CAC 40 mériterait, lui, de souffler un peu. Un retour vers les 5.500 points ne remettrait pas en cause la tendance positive".

Les facteurs de risque sont pourtant nombreux et ont même tendance à s'accumuler: négociations commerciales au long cours entre les Etats-Unis et la Chine, retrait de Washington de l'accord sur le programme nucléaire iranien, interrogations persistantes sur l'inflation et, désormais, résurgence du risque politique italien.

ENFIN UN GOUVERNEMENT EN ITALIE ?

La publication du contrat de gouvernement négocié par le Mouvement 5 Etoiles (M5S) et la Ligue, susceptible d'aboutir à une confrontation avec les partenaires européens de l'Italie, a jeté un froid sur les marchés financiers même si les dégagements sont essentiellement restés cantonnés aux actifs italiens.

Le rendement des emprunts d'Etat à 10 ans de la péninsule a atteint 2,23% alors qu'il avoisinait encore 1,7% début mai. Et la Bourse de Milan a lâché plus de 2,9% sur la semaine.

Ce contrat de gouvernement prévoit notamment une réduction des prélèvements fiscaux de plusieurs milliards d'euros, une augmentation des dépenses publiques en faveur des défavorisés et l'abandon d'une réforme impopulaire des retraites.

Il a reçu sans difficultés le feu vert des adhérents et sympathisants des deux partis qui doivent maintenant s'entendre pour déterminer qui va conduire cette coalition.

Les dirigeants du M5S et de la Ligue doivent rencontrer lundi le président italien, Sergio Mattarella, qui doit encore approuver leur programme et leur choix pour le poste de président du Conseil italien.

LE PÉTROLE MONTE, LES TAUX AMÉRICAINS AUSSI

Autre effet du risque italien, l'affaiblissement de l'euro s'est accentué, la devise unique étant retombée à moins de 1,18 dollar, un plus bas de six mois face au billet vert.

Un facteur central pour les marchés d'actions européens puisque c'est précisément la faiblesse de l'euro qui explique en grande partie le rally actuel.

Exprimée en dollar, la performance du Stoxx 600 depuis avril est ainsi quasiment identique à celle du S&P 500, avec même une légère avance pour l'indice américain.

La hausse récente des marché d'actions s'est accompagnée d'une poursuite de l'envolée du pétrole, le baril de Brent avoisinant désormais les 80 dollars, soit 20 dollars de plus que le cours affiché en début d'année.

Si elle a jusqu'ici soutenu les indices actions, la vive remontée des cours du pétrole pourrait se retourner contre les actifs risqués et alimenter la volatilité, préviennent certains observateurs.

"Même s'il a quelque peu diminué depuis le deuxième choc pétrolier, le poids du pétrole dans l'économie mondiale, et plus particulièrement l'inflation, reste considérable", ont rappelé cette semaine les stratèges de Mirabaud Securities.

Et d'ajouter que "l'évolution du prix du baril de pétrole, si elle devait se maintenir (voire progresser), devrait constituer un argument supplémentaire pour que la Fed monte à quatre reprises ses taux en 2018".

La hausse des cours du brut s'est d'ailleurs accompagnée d'une nette remontée des rendements des Treasuries, celui à 10 ans ayant dépassé le seuil de 3,1% pour atteindre son plus haut niveau depuis juin 2011.

"MINUTES" DE LA FED ET DE LA BCE AU PROGRAMME

Ces tensions sur le marché obligataire constituent un autre élément de prudence pour les investisseurs, qui devraient se montrer très attentifs aux interventions de plusieurs responsables de la Réserve fédérale dans les prochains jours.

En l'absence d'un agenda économique fourni, la publication des comptes rendus des dernières réunions de politique monétaire de la Fed (mercredi) et de la Banque centrale européenne (jeudi) devraient aussi retenir l'attention.

Pour Vincent Guenzi, le discours de la Fed et celui de la BCE ne devraient pas faire apparaître de changements majeurs.

"La BCE devrait continuer à dire qu'elle évalue la situation, qu'elle réduira un jour ses achats d'actifs, sans donner de calendrier sur la hausse des taux", indique le gérant.

"La Fed devrait être dans le même état d'esprit et ne devrait pas durcir son discours: elle maintiendra trois hausses de taux en 2018 et trois autres hausses en 2019".

Avant cela, les investisseurs prendront connaissance de l'estimation flash des indices PMI Markit en zone euro pour le mois de mai.

"Ce sera important, notamment pour l'euro, de voir si cela confirme le fait que le ralentissement observé au premier trimestre reste contenu. Le mois précédent, le chiffre était en baisse mais assez faible", explique Vincent Guenzi.

Les économistes interrogés par Reuters s'attendent à un indice PMI composite à 54,9 en mai contre 55,1 en avril.

(édité par Marc Angrand)