(Répétition sans changement d'une dépêche diffusée vendredi)

* Premières alertes sur l'économie réelle

* L'activité manufacturière souffre, Daimler avertit

* Toujours un risque d'escalade dans le conflit commercial

* Les indicateurs d'activité et de confiance à surveiller

par Blandine Henault

PARIS, 25 juin (Reuters) - Les craintes liées aux tensions commerciales entre les Etats-Unis et leurs principaux partenaires sont montées d'un cran ces derniers jours sur les marchés financiers alors que leurs premiers effets commencent à se faire sentir sur le moral des investisseurs et des chefs d'entreprise.

Les annonces successives via Twitter de Donald Trump et la position très ferme de Pékin laissent planer la menace d'un conflit commercial ouvert entre les deux plus grandes puissances économiques, d'autant que peu d'informations filtrent sur l'avancée des négociations.

Washington doit mettre en oeuvre à partir du 6 juillet des droits de douane de 25% sur 50 milliards de dollars de produits chinois. La riposte immédiate de Pékin, de même ampleur, a poussé Donald Trump à évoquer des tarifs accrus sur 200 milliards de dollars de produits chinois supplémentaires.

S'il ne s'agit pour l'heure que de menaces, une tactique de négociation couramment employée par l'ex-homme d'affaires devenu président des Etats-Unis, les précédents ont montré qu'il n'hésitait pas à les mettre à oeuvre s'il n'obtenait pas gain de cause.

Ainsi, l'exemption accordée à l'Union européenne sur les tarifs douaniers américains visant l'acier et l'aluminium n'a été que provisoire. En représailles, Bruxelles applique à son tour depuis vendredi des droits de douane de 25% sur une série de produits américains.

Cette mesure de rétorsion pourrait conduire à de nouvelles initiatives américaines, Donald Trump ayant déjà laissé entendre qu'il envisageait de taxer les importations d'automobiles européennes.

L'AUTOMOBILE, PREMIER SECTEUR TOUCHÉ

C'est d'ailleurs du secteur automobile qu'est venue la première alerte de l'économie réelle sur l'impact des tensions commerciales internationales.

Daimler a prévenu jeudi que son bénéfice baisserait cette année en raison des nouvelles taxes à l'importation sur les voitures exportées des Etats-Unis vers la Chine, qui devraient peser sur les ventes de Mercedes-Benz.

"Nous ne pensons pas que Daimler sera le seul constructeur à abaisser ses prévisions, d'autres sont également, à des degrés divers, exposés aux tendances évoquées par Daimler", ont prévenu les analystes de Morgan Stanley.

Autres signes jugés préoccupants: la chute en juin de l'activité manufacturière aux Etats-Unis mesurée par l'indice "Philly Fed", comme en zone euro selon les indices PMI "flash".

"En ce qui concerne les tensions commerciales, pour le moment, les tarifs annoncés portent sur des montants peu significatifs mais si l'escalade devait se poursuivre, il y aurait un risque de 50 à 100 points de base sur la croissance globale, ce qui n'est pas négligeable", prévient Philippe Müller, responsable des thématiques d'investissement chez UBS.

Le risque d'escalade ne peut plus être exclu : la Maison blanche devrait annoncer au plus tard le 30 juin des restrictions sur les investissements effectués par les sociétés chinoises aux Etats-Unis.

De son côté, le Canada, concerné au même titre que l'Union européenne par les tarifs sur l'acier et l'aluminium, mettra en oeuvre à partir du 1er juillet une série de représailles douanières d'un montant de 16,6 milliards de dollars canadiens (12,5 milliards de dollars).

Beaucoup d'investisseurs continuent néanmoins d'espérer une solution négociée, particulièrement entre la Chine et les Etats-Unis. "Ni Donald Trump ni les républicains n'ont intérêt à ce que les marchés tanguent et à ce que l'économie ralentisse avant les élections du mois de novembre", explique Daniel Morris, stratège investissement chez BNPP AM.

L'INFLATION TOUJOURS SOUS SURVEILLANCE

Dans ce contexte, les prochains indicateurs sur l'activité et la confiance des acteurs économiques seront à suivre de près.

Ce lundi sera publié l'indice Ifo du climat des affaires en Allemagne pour le mois de juin, avant la publication le lendemain de celui de la confiance du consommateur américain.

Suivront jeudi les indices du climat des affaires et du sentiment économique dans la zone euro et vendredi le PMI pour la région de Chicago.

La fin de semaine sera aussi marquée par des données sur l'inflation de part et d'autre de l'Atlantique, avec la première estimation des prix à la consommation en zone euro en juin et la publication de l'indice des prix PCE en mai aux Etats-Unis.

Ces indicateurs restent très suivis même si les dernières réunions de la Réserve fédérale et surtout de la Banque centrale européenne (BCE) ont permis de baliser l'évolution à venir des politiques monétaires.

A Sintra la semaine dernière, les présidents des deux banques centrales, Jerome Powell et Mario Draghi, ont répété que la normalisation de leur politique resterait très progressive. Selon plusieurs sources, les dirigeants de la BCE sont néanmoins de plus en plus préoccupés par le risque de voir les tensions commerciales remettre en cause la reprise économique dans la zone euro et compliquer le resserrement de leur politique monétaire.

La situation politique en Italie, qui fait toujours l'objet de crispations ponctuelles du marché, devrait aussi animer les discussions lors du Conseil européen des 28 et 29 juin.

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(Édité par Marc Angrand)