par Noel Randewich

SAN FRANCISCO, 20 août (Reuters) - Les investisseurs, qui s'inquiètent du niveau élevé des valorisations boursières, pourraient être partiellement rassurés par des signes montrant que les sociétés du S&P 500 ont moins tendance à gonfler leurs résultats publiés que par le passé.

De récents changements de normes et une politique plus stricte de la SEC (Securities and Exchange Commission) en matière de comptabilité incite les entreprises à limiter la présentation de comptes ne correspondant pas aux principes officiels dites GAAP (Generally Accepted Accounting Principles).

L'écart entre les résultats nets aux normes GAAP des sociétés du S&P 500 et les versions ajustées de leurs résultats qu'elles présentent aux investisseurs devrait être sensiblement réduit en 2017 pour la deuxième année consécutive, après avoir atteint un pic en 2015, selon une analyse de Thomson Reuters.

Une telle réduction de cet écart est une bonne nouvelle pour les investisseurs qui jugent les valorisations excessives.

"Plus les résultats publiés sont proches des normes GAAP et plus les investisseurs auront confiance dans les comptes", dit Jack Ablin chargé de l'investissement chez BMO Private Bank.

Dans leur communiqué de résultats, les entreprises excluent souvent les éléments "exceptionnels" tels que les charges de licenciement qui, selon elles, donnent un tableau tronqué de leur performance. Ces ajustements tendent à gonfler les profits.

Après une hausse de 8% depuis début 2017, le S&P se traite à 17,8 fois les résultats attendus, un ratio PER (price earning ratio) que de nombreux investisseurs jugent excessif et susceptible de favoriser une rechute du marché. Mais les résultats attendus dans ce ratio sont ajustés et non GAAP.

"APPROCHE PLUS CONSERVATRICE"

Dans la mesure où les sociétés présentent moins de résultats non-GAAP cette année qu'auparavant, les investisseurs pourraient être disposés à accepter des valorisations plus fortes.

"L'approche vis-à-vis des résultats devient plus conservatrice plutôt que plus agressive", note Phil Blancato de Ladenburg Thalmann Asset Management. "C'est la raison pour laquelle je ne pense pas que les PER soient si élevés."

A la suite des nouvelles normes de comptabilité concernant la taxation des rémunérations en actions, la maison mère de Google Alphabet a arrêté d'exclure ces rémunérations de ses charges dans ses comptes du premier trimestre. De même, Facebook va désormais présenter ses dépenses, résultats, taux d'imposition et bénéfice par action en normes GAAP.

En réaction aux nouvelles normes de comptabilisation du chiffre d'affaires, Microsoft a récemment annoncé qu'il passerait à la publication d'un chiffre d'affaires GAAP.

Les analystes s'attendent à ce que les composantes du S&P 500 publient en 2017 un bénéfice net d'environ 1.060 milliards de dollars (901 milliards d'euros), selon les données de Thomson Reuters. Mais avec les ajustements non-GAAP effectués par de nombreuses entreprises et des analystes, le bénéfice net total du S&P devrait atteindre environ 1.170 milliards de dollars.

Néanmoins, cet écart de 10% entre le résultat net aux normes GAAP et celui qui est retenu par les entreprises et de nombreux investisseurs est nettement inférieur à celui de 2015, qui était de 33%, son plus haut niveau depuis au moins 2009. L'an dernier, la différence entre les deux chiffres est retombée à 22%.

Accentuant encore la pression en faveur d'une comptabilité plus stricte, la SEC a envoyé l'an dernier des lettres ("comment letters") aux entreprises leur demandant des explications sur leurs méthodes comptables. Elle a les mis en garde contre une présentation orientée de résultats trimestriels, utilisant des caractères gras pour mettre en avant leurs résultats non-GAAP. (Juliette Rouillon pour le service français)

Valeurs citées dans l'article : Facebook, Alphabet, Microsoft Corporation