Paris (awp/afp) - Après une semaine d'indécision, la Bourse de Paris et ses homologues européennes devraient à nouveau se tourner vers les Etats-Unis dans les prochains jours, plusieurs indicateurs d'importance pouvant leur fournir l'impulsion nécessaire à une nouvelle hausse, dans un environnement toujours favorable.

Comme l'ont attesté cette semaine des indicateurs d'activité PMI au plus haut depuis six ans ainsi que le bond du moral des entrepreneurs allemands, "l'environnement macroéconomique reste porteur dans la zone euro" tandis que sur le front microéconomique, nous avons assisté à une "véritable amélioration de la croissance organique des entreprises", explique à l'AFP Marco Bruzzo, directeur général délégué de Mirabaud AM France.

En outre, "l'environnement politique s'éclaircit. Nous sommes dans l'attente des législatives en juin mais les mesures de soutien pro-business d'Emmanuel Macron devraient passer", poursuit-il.

"On observe un optimisme béat des investisseurs suite à l'élection d'Emmanuel Macron", abonde Christopher Dembik, responsable de la recherche économique chez Saxo Banque, qui précise que les législatives françaises ne génèrent aucune inquiétude particulière "pour la simple et bonne raison que les investisseurs étrangers ne comprennent pas le fonctionnent de ce scrutin".

En revanche, la Bourse de Londres, si elle a été peu influencée par l'attentat de Manchester, devrait suivre avec attention dans les jours qui viennent les développements de la campagne électorale au Royaume-Uni - dont les évolutions ont des conséquences sur la valeur de la devise britannique.

Quant au Dax, après un premier trimestre record côté résultats, quelques recommandations positives d'analystes pourraient encore pimenter le cours de certaines de ses valeurs, mais pas de quoi redonner du ressort à l'indicateur vedette de la Bourse.

Si le contexte économique reste largement favorable aux marchés actions, en particulier européens, la petite baisse de régime de la cote parisienne depuis une dizaine de jours est surtout à mettre au compte de la réapparition d'un risque politique, cette fois sur le continent américain, et d'une temporisation des investisseurs dans un marché qui a beaucoup progressé depuis le début de l'année.

TENSIONS POLITIQUES AMÉRICAINES

"A très court terme, on a eu des éléments un peu plus négatifs, notamment aux Etats-Unis avec des tensions politiques liées aux mises en cause de Donald Trump", détaille M. Bruzzo, des déboires qui, dans l'esprit des investisseurs, "pourraient engendrer des retards de réformes". Le marché a toutefois rapidement fait fi de ces craintes.

Si, selon M. Dembik, il n'y aura certainement pas de tendance claire sur les marchés actions avant les réunions de la Banque centrale européenne (BCE) et de la Réserve fédérale américaine (Fed) en juin, les indicateurs en amont de ces deux rendez-vous devraient cependant être scrutés de près.

En dépit d'un jour férié lundi aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, l'agenda de la semaine prochaine sera en effet étoffé.

Côté européen, plusieurs indices de confiance des consommateurs ainsi que les prix à la consommation et à la production pour le mois de mai sont attendus, tout comme les indicateurs PMI pour le secteur manufacturier.

Aux Etats-Unis, la Fed publiera son Livre Beige mercredi avant les chiffres ADP de l'emploi dans le secteur privé, l'indice ISM d'activité dans l'industrie et le rapport mensuel sur l'emploi américain.

Les attentes sont "très fortes du côté de la banque centrale américaine puisque le marché anticipe dans ses prix un nouveau durcissement monétaire en juin en dépit d'indicateurs macroéconomiques plutôt décevants depuis le premier trimestre 2017", rappelle M. Dembik.

Mais la nette révision à la hausse de la croissance américaine au premier trimestre, à 1,2%, "devrait soulager un peu les investisseurs", d'autant que le fait que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a confirmé jeudi un prolongement de neuf mois de ses réductions de production "va maintenir un niveau d'inflation relativement contenu, ce qui est plutôt positif pour les marchés", remarque M. Bruzzo.

"Or, si les Etats-Unis sont un peu rassurés, la très bonne performance de l'Europe que l'on connaît depuis trois ou quatre mois devrait se poursuivre", conclut-il.

afp/fah