Paris (awp/afp) - Mettant entre parenthèses les questions de géopolitique qui ont dominé le terrain ces derniers temps, la Bourse de Paris, comme ses homologues européennes, va entrer de plain-pied dans la saison des résultats la semaine prochaine.

Jusqu'à la fin du mois, les mastodontes européens vont égrener leurs publications pour le troisième trimestre, dans un contexte globalement favorable. Danone et Carrefour à Paris, ou encore SAP ou Daimler à Francfort vont prendre le relais des grandes banques américaines qui ont lancé la saison ces derniers jours.

"La microéconomie va revenir sur le devant de la scène. La raison qui pourrait provoquer une hausse supplémentaire des marchés actions est la croissance des résultats, qui s'est matérialisée en 2017 pour la première fois depuis quatre ans", relève auprès de l'AFP Gilles Guibout, gérant actions Europe chez AXA IM.

Et de bonnes surprises pourraient être au rendez-vous en Europe car les statistiques solides publiées récemment "montrent que l'économie européenne dans son ensemble est en train de confirmer son rebond", souligne à l'AFP Frédéric Rollin, conseiller en stratégie d'investissement chez Pictet AM.

"Ces chiffres plaident pour une nouvelle bonne saison", poursuit M. Rollin. Avec toutefois une interrogation en raison de l'appréciation de l'euro face au dollar depuis l'été.

"Les résultats des entreprises européennes ont été très bons jusqu'à aujourd'hui, mais la ré-appréciation de l'euro récemment devrait jouer comme un élément un peu négatif", avertit ainsi M. Guibout.

Outre les publications d'entreprises, la macroéconomie sera aussi de la partie, avec notamment l'inflation outre-Manche, un indicateur particulièrement scruté au moment où les économistes s'interrogent sur l'ampleur du ralentissement de l'économie britannique et sur les intentions de la Banque d'Angleterre (BoE).

La zone euro publiera également ses chiffres d'inflation, suivis de près par la Banque centrale européenne à deux semaines de sa prochaine réunion de politique monétaire.

- Incertitudes géopolitiques -

La Réserve fédérale américaine a quant à elle dévoilé la semaine écoulée le compte-rendu de sa dernière réunion de politique monétaire, lequel faisait état d'inquiétudes de plusieurs de ses responsables quant au faible niveau d'inflation outre-Atlantique.

Néanmoins, une nouvelle hausse des taux directeurs semblait toujours sur la table avant la fin de l'année, "une confirmation qui était attendue par les marchés", réagit M. Rollin.

Entre Fed et premiers résultats d'entreprises, les opérateurs de marché ont semblé ne pas s'inquiéter outre mesure des tensions géopolitiques, sans prendre particulièrement ombrage de la crise espagnole.

Dans les derniers développements, Madrid a donné au président du Parlement catalan, Carles Puigdemont, jusqu'à jeudi prochain pour "clarifier" la déclaration unilatérale d'indépendance faite et aussitôt suspendue par M. Puigdemont mardi.

"La négociation est ouverte. On a le sentiment d'une forme de stabilisation de la situation politique, même si elle reste tendue, ce qui a rassuré les investisseurs", analyse Frédéric Rollin.

D'autres incertitudes ont émaillé les derniers jours, dont l'impasse sur laquelle a abouti le cinquième cycle de négociations sur le Brexit entre l'Union européenne et le Royaume-Uni.

Ces discussions difficiles ont pesé sur la livre, ce qui a constitué une bonne nouvelle pour les multinationales cotées à Londres. Un coup de pouce de la devise britannique a ainsi permis à l'indice vedette d'atteindre un nouveau sommet historique en clôture jeudi.

A Francfort, le Dax a lui aussi tenté un rebond et s'est aventuré le même jour au-dessus des 13.000 points pour la première fois de son histoire.

Un élan qui pourrait potentiellement être retrouvé, si les entreprises surprennent favorablement les investisseurs ces prochains jours.

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