Paris (awp/afp) - Après s'être offert un rebond cette semaine, tirées par les matières premières et des publications d'entreprises bien orientées, la Bourse de Paris et ses homologues européennes devraient continuer d'évoluer au gré de la microéconomie dans les jours qui viennent.

"La semaine prochaine, nous allons être beaucoup plus guidés par les publications de résultats qui vont se poursuivre aux Etats-Unis et commencer véritablement en Europe", analyse auprès de l'AFP Régis Bégué, associé-gérant de Lazard Frères Gestion.

"La direction du marché va dépendre en grande partie d'une saison des résultats qui, pour l'instant en tout cas, est plutôt bien embarquée", avec des attentes "assez élevées" de croissance des bénéfices, abonde Frédéric Rollin, conseiller en stratégie d'investissement chez Pictet AM.

A Paris, TF1, Air Liquide, Saint-Gobain, Orange ou encore Total tiendront le haut du pavé.

Les investisseurs dissèqueront également outre-Manche les comptes des banques Lloyds, Barclays et RBS, du groupe pharmaceutique GSK ou encore du géant pétrolier Royal Dutch Shell.

Côté Dax, le groupe SAP dévoilera ses résultats mardi en même temps que Puma, suivi par Volkswagen, Lufthansa et Munich Re jeudi, puis Daimler vendredi.

Mais "l'élément le plus saillant du marché cette semaine a été la hausse des matières premières", relève M. Bégué.

Les barils de Brent et de WTI s'échangeaient respectivement autour de 73,60 et 68,20 dollars ce vendredi. Le ministre saoudien de l'Energie, Khaled al-Faleh, a estimé vendredi que le marché avait la capacité de supporter des prix du brut plus élevés, s'attirant une critique immédiate du président américain Donald Trump, qui a accusé l'Opep de gonfler les prix.

"Vous avez vraiment des forces négatives et positives qui s'opposent sur ce premier trimestre, ces dernières l'emportant très largement, ce qui a permis au marché de rebondir" ces derniers jours, poursuit M. Bégué.

Ainsi, selon lui, la hausse des matières premières "n'est pas forcément une très bonne chose pour l'économie, pour le consommateur final, même si elle peut aussi être interprétée comme le signe d'une forte dynamique sur le plan de la demande".

"C'est quand même une mauvaise nouvelle à moyen terme, surtout pour l'Europe" puisque "la hausse continue des prix du pétrole est un frein global à la croissance économique", juge également M. Rollin.

- Stabilisation de l'euro -

Pour autant, concède M. Bégué, l'appréciation des matières premières "aide toujours le CAC 40 puisqu'il y a une très forte prépondérance de Total dans l'indice et d'une manière générale, dans les indices européens, le pétrole reste un secteur assez important".

De fait, les titres énergétiques et miniers ont profité cette semaine, à Paris comme à Londres, de la bonne orientation des cours des matières premières, tirant l'ensemble de la cote.

Autre ombre au tableau évoquée par les deux spécialistes: l'impact de l'ascension de l'euro face au dollar ces derniers mois.

Nous avons assisté à une "stabilisation sur le plan des devises" mais "nous avons eu beaucoup de révisions à la baisse de résultats liées aux changes ces dernières semaines", précise M. Bégué.

L'environnement macroéconomique restant globalement porteur, l'optimisme continuait néanmoins de l'emporter.

"Il y a une très bonne dynamique, à la fois en Europe et partout dans le monde, à laquelle s'ajoutent les impacts fiscaux des réformes Trump qui commencent à se faire sentir", estime M. Bégué.

Les investisseurs auront l'occasion de le mesurer à l'aune des nombreux indicateurs de confiance pour le mois d'avril inscrits à l'agenda la semaine prochaine.

En France sont attendus le climat des affaires et le moral des ménages, avant la confiance des consommateurs américains (Conference Board) et, en Allemagne, les baromètres Ifo et Gfk mesurant respectivement le moral des entrepreneurs et celui des consommateurs. La confiance économique et celle des consommateurs en zone euro complèteront le palmarès.

Le marché suivra également jeudi une réunion de la Banque centrale européenne (BCE), avant de prendre connaissance des chiffres du PIB pour le premier trimestre en France, en Allemagne et aux Etats-Unis.

Par ailleurs, "l'apaisement des tensions géopolitiques avec un discours un peu plus neutre des Etats-Unis ainsi que de la Russie, et moins de déclarations intempestives, ont permis au marché de reprendre espoir", poursuit M. Bégué.

Quant aux frictions commerciales entre Washington et Pékin, "c'est une histoire qui n'est pas terminée", pour M. Rollin, même si "une guerre commerciale est négative pour les deux pays, qui devraient donc entendre raison".

Autrement dit, "les valorisations des actions étant plutôt sur des niveaux médians, le marché est assez ouvert pour suivre les fondamentaux", promettant une marge de progression encore significative, conclut le spécialiste.

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