(Actualisé avec Valls et Le Foll)

PARIS, 25 janvier (Reuters) - Parler d'"apartheid" comme l'a fait Manuel Valls pour évoquer la relégation de franges de la population dans certains quartiers est une "insulte" à la République et aux Français, a déclaré dimanche le député UMP Bruno Le Maire.

Nicolas Sarkozy avait déjà qualifié jeudi soir de "faute" l'utilisation par le Premier ministre de ce terme.

"L'erreur, la faute, c'est de ne pas avoir le courage de désigner cette situation", lui avait rétorqué Manuel Valls lors d'une conférence de presse à Matignon.

"Quand j'entends le Premier ministre parler d'apartheid (...), je dis outrance et je dis insulte", a déclaré dimanche Bruno Le Maire dans l'émission "Le grand rendez-vous" sur Europe 1, iTELE et Le Monde.

"C'est une insulte vis-à-vis non seulement de la République mais aussi de tous les Français qui depuis des années et des années ont dépensé de l'argent pour les quartiers et cet argent a été dépensé très largement sans succès", a-t-il ajouté.

"Oui, il y a eu un échec mais cet échec ça n'est pas uniquement la faute de la République".

Manuel Valls a assumé une nouvelle fois ses propos dimanche.

"Il ne faut pas s'offusquer des mots, j'ai voulu marquer les esprits", dit-il au JDD, estimant qu'entre 50 et 100 quartiers qui accumulent pauvreté, insécurité et échec scolaire constituent des "poudrières sociales".

Tout en saluant les politiques menées jusque-là dans les quartiers défavorisés, et sans lesquelles "la banlieue serait le ghetto américain", le Premier ministre estime que "les processus de ségrégation, d'enfermement, d'échec scolaire et de chômage massif des jeunes se poursuivent."

"Nicolas Sarkozy est passé totalement à côté de la question" après les émeutes de 2005, ajoute-t-il, proposant une "politique de peuplement" contre les ghettos.

Parmi les pistes envisagées figurent la nomination de commissaires du gouvernement sur le terrain et une révision des politiques d'attribution des logements.

Le ministre de la Ville a évoqué la semaine dernière la possibilité pour l'Etat de saisir des terrains disponibles dans des communes ne respectant pas le quota de 25% de logements sociaux imposé par la loi.

"Il y a un constat de carence qui a été fait dans un certain nombre de villes", a déclaré dimanche sur Radio J le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll. "On sait que les amendes sont payées (par les communes qui ne respectent pas ce quota), elles ne sont pas dissuasives donc il y des sujets qui sont posés", a-t-il ajouté.

"On a à mettre en place une stratégie (...) Laissez le temps au ministère (de la Ville) de regarder tout ça et de faire des propositions." (Chine Labbé, édité par Guy Kerivel)