par Alastair Macdonald

BRUXELLES, 26 juin (Reuters) - La Grande-Bretagne n'a pas besoin d'envoyer une lettre formelle à l'Union européenne pour déclencher un processus de deux ans menant à sa sortie de l'UE, ont dit des responsables européens, sous-entendant que le Premier ministre britannique pourrait déclencher ce processus lors d'un sommet européen prévu mardi.

"Ce déclenchement (...) pourrait prendre la forme d'une lettre au président du Conseil européen ou une déclaration officielle lors d'une réunion du Conseil européen dûment notée dans les enregistrements officiels de la réunion", a dit un porte-parole du conseil.

Un autre responsable européen, prié de réagir à l'agacement croissant des dirigeants européens contre le temps que semble prendre le Premier ministre britannique à faire parvenir une notification officielle de lancement de la procédure de divorce, a dit : "Celle-ci n'a pas besoin d'être écrit. Il suffit qu'il le dise".

Lors d'un dîner avec les 27 autres dirigeants européens lors d'un conseil européen de mardi, David Cameron fera le point sur le résultat du référendum de jeudi, à l'issue duquel les Britanniques ont voté en faveur d'une sortie de l'Union européenne.

David Cameron a annoncé vendredi qu'il démissionnerait d'ici octobre et qu'il laisserait le soin à son remplaçant d'invoquer l'article 50 qui déclenchera jusqu'à deux ans de négociations sur la sortie de son pays de l'UE.

Cette position paraît aller à l'encontre d'une promesse d'enclencher le processus dans la foulée du vote de jeudi, ce qui a provoqué l'ire de dirigeants européens désireux d'un règlement rapide pour limiter les incertitudes.

Certains dirigeants européens s'attendent toujours à ce que David Cameron lance lui-même le processus dans les jours ou les mois à venir, ont dit des responsables.

La France et l'Allemagne ont demandé samedi à la Grande-Bretagne d'entamer les négociations en vue de sa sortie de l'Union européenne, le gouvernement français mettant en garde contre le risque d'une contagion populiste qui pourrait s'exprimer dans d'autres Etats tentés de suivre l'exemple britannique.

Les positions de la France et de l'Allemagne, couple moteur de la construction de l'Europe, ont paru diverger sensiblement sur le rythme à suivre dans cette procédure de divorce entre Londres et Bruxelles.

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault a plaidé pour une ouverture rapide des négociations tandis que son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier se montrait plus prudent.

Le porte-parole du Conseil européen a précisé que les dirigeants ne peuvent choisir d'interpréter des propos de David Cameron comme un élément déclencheur du processus de sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne sans que le Premier ministre ait explicitement dit que telle était son intention.

Depuis l'annonce du résultat du référendum, il y a eu des appels en Grande-Bretagne pour que le résultat du vote "Leave" soit passé en revue voire pour que le parlement ignore le référendum.

Une pétition demandant l'organisation d'un nouveau référendum sur l'appartenance de la Grande-Bretagne à l'Union européenne a déjà recueilli un peu plus de 2,5 millions de signatures parmi les habitants du Royaume-Uni, deux jours après le vote en faveur du Brexit. (Alastair Macdonald, Benoit Van Overstraeten pour le service français)