PARIS (awp/afp) - Rassurées par la Banque centrale européenne (BCE) et persuadées que la Fed ne réservera pas de mauvaises surprises, la Bourse de Paris et ses voisines européennes semblent bien décidées à finir positivement l'année.

Lancés depuis l'élection du nouveau président américain Donald Trump à l'assaut de leurs sommets annuels, les marchés européens n'ont en effet pas l'intention de se laisser perturber par le dernier grand rendez-vous de 2016 que constitue la réunion de la Réserve fédérale américaine.

Celle-ci devrait pourtant être l'occasion pour la banque centrale de relever ses taux directeurs, un an pile après avoir amorcé pour la première fois ce mouvement, à l'issue d'une réunion de deux jours mardi et mercredi.

Mais ce geste est tellement attendu qu'il est "devenu en quelque sorte un non-événement pour les investisseurs", résume à l'AFP Christopher Dembik, responsable de la recherche économique chez Saxo Banque.

"La semaine prochaine sera celle de la Fed, mais les investisseurs ont déjà complètement intégré un relèvement d'un quart de point de ses taux directeurs", renchérit Pascale Seivy, responsable du conseil en investissement chez Pictet en France.

"L'économie américaine est au beau fixe tant en termes d'emploi que de croissance ou d'inflation, et l'élection de Donald Trump plaide aussi pour une hausse des taux s'il suit le programme qu'il a annoncé", ajoute-t-elle à l'AFP.

De plus, il est probable que la Fed adopte cette fois-ci "une approche prudente en attendant de connaître les engagements du nouvel exécutif américain qui ne seront pas concrètement dévoilés" avant le début de l'an prochain, note M. Dembik.

Autant d'éléments qui devraient donc soutenir "le regain d'optimisme de cette fin d'année", ajoute-t-il.

A la Bourse de Londres, les investisseurs suivront également avec intérêt la décision de politique monétaire de la Banque d'Angleterre jeudi qui devrait opter pour le statu quo mais ses commentaires sur l'économie et le Brexit seront comme toujours scrutés.

Passée l'échéance clé de la Fed, "il n'y aura plus aucun événement de premier plan" à l'horizon, les marchés "devraient donc a priori finir 2016 bien mieux qu'ils ne l'avaient commencée", juge aussi Mme Seivy.

- Rebond des banques -

Car en cette fin d'année, "les marchés affichent leur résilience et ne semblent pas prêts à baisser". La semaine écoulée a offert en la matière un exemple "marquant avec la non-réaction des marchés au référendum italien", analyse-t-elle.

"Les investisseurs semblent s'habituer aux risques politiques, ce qui est plutôt une bonne nouvelle au vu des nombreux scrutins attendus en Europe l'an prochain", observe M. Dembik.

Les indices européens ont également bien accueilli la décision de la Banque centrale européenne de prolonger son programme de soutien à l'économie tout en réduisant à partir d'avril 2017 le montant des rachats d'actifs à 60 milliards d'euros contre 80 actuellement.

"Le président de la BCE, Mario Draghi, a fait preuve d'une grande souplesse dans son discours. Il a réussi à se laisser des marges de manoeuvre tout en continuant à soutenir l'économie européenne et en offrant de la visibilité aux marchés. L'issue de cette réunion s'est donc avérée positive et a, à juste titre, été bien accueillie", souligne Pascale Seivy.

La place parisienne s'est ainsi hissée à son plus haut niveau annuel et la Bourse de Francfort est sortie de sa léthargie, dépassant cette semaine la barre des 11.000 points pour la première fois depuis un an.

Autre point marquant de la semaine, selon Mme Seivy, l'importante rotation au niveau des valeurs sectorielles "a continué plus que jamais". "Les actifs les plus malmenés depuis le début de l'année ont poursuivi leur rebond", en premier lieu le secteur bancaire ou encore celui des matières premières.

"Au sein du CAC 40, par exemple, les valeurs financières et le géant pétrolier Total représentent environ un quart de l'indice", détaille-t-elle, et "cela explique aussi pourquoi la place parisienne connaît de belles journées en ce moment".

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