La chine, l'exemple du déclin de la consommation mondiale :

La croissance chinoise ne cesse de ralentir et entraine une baisse de la consommation mondiale avérée. En effet, le plus grand pays asiatique demeure le second consommateur de pétrole après les USA. Cependant, la Chine a un impact bien plus important que les Etats-Unis sur les cours mondiaux car elle se trouve contrainte d'importer la matière première alors que les USA sont auto-suffisants.

Demande mondiale de pétrole en millions de barils/jour (source : bloomberg):






La chine est la seule région du monde ou la croissance devrait ralentir entre 2014 et 2015 selon le FMI (passant de 7.4% en 2014 contre 7.1% en 2015).
Ce ralentissement de croissance chinoise a récemment été mis en exergue par la révision à la baisse de la part du Fond Monétaire International, quant à la croissance mondiale, passant de 4% à 3.3%.

Matt Smith, analyste matières premières chez Schneider Electric a déclaré à ce titre :"La crainte d'une montée constante de l'offre qui surpasserait amplement la faible croissance de la demande, au ralenti en raison de la situation économique mondiale, pèse sur le marché".


Les USA, sur le point de devenir le premier producteur mondial :

En 2017, Crédit Suisse anticipe que la production américaine dépassera à elle seule la demande mondiale. En effet, les USA bénéficient de l'exploitation du pétrole de schiste qui leur a permis d'accroitre leur production d'un million de barils par jour sur les trois dernières années soit une hausse de 35%.
Très récemment, les Américains ont d'ailleurs exporté du pétrole texan pour la première fois depuis les années 70.

Offre totale de pétrole Américaine en millions de barils/jour (source :oilmarketreport.org) :




Les Etats-Unis illustrent à eux seuls, la situation de surproduction à laquelle l'industrie pétrolière mondiale est confrontée.


L'amélioration des situations géopolitiques constitue un facteur psychologique important :
Les tensions géopolitiques qui restreignaient les exportations de pays comme la Libye, l'Irak ou l'Iran pourraient être résolues. En Iran, par exemple, les pourparlers sur leur programme nucléaire avec l'Occident pourraient aboutir sur une levée des quotas imposés. En Libye également, les récentes grèves ayant fait chuter la production de 250 000 barils/jour (40% de sa production totale) pourraient être prochainement résolues.
Ces facteurs jouent un rôle important sur les cours des matières pétrolières car les opérateurs cherchent à anticiper ces possibles résolutions de conflits politiques par la prise de positions spéculatives.

L'OPEP va-t-elle affirmer son rôle de banque centrale du pétrole ?

Dans notre précédente analyse « Pétrole (Brent) : Sous les 100 USD » du 25/09/2014, nous mentionnions les propos du ministre du pétrole saoudien affichant sa satisfaction d'un prix de 95$ le baril. Seulement, ces niveaux ne sont plus d'actualité, et certains membres de l'OPEP pourraient se retrouver en difficulté afin d'équilibrer leur budget selon le secrétaire général de l'organisation.
Jusqu'à présent, l'OPEP se contentait de contrôler l'offre dans le but de fixer le prix leur semblant convenable et ainsi, de maximiser leur profitabilité.
Cependant, le consensus mondial est en pleine mutation. Les pays jouant autrefois un rôle secondaire comme les Etats-Unis prennent une place plus importante. Le temps de la pénurie pétrolière, à l'image de 2008 semble révolu. Ainsi, les pays membres de l'OPEP sont amenés à considérer les parts de marché pouvant être perdus au profit des USA dans le cas d'une restriction de leur offre.
A ce titre, l'Arabie Saoudite vient d'annoncer une hausse de sa production au mois de Septembre, confirmant sa volonté de s'engager dans une politique de différenciation par les prix.
Ce nouveau consensus pourrait lourdement peser sur les revenus de certains pays dont l'exploitation pétrolière constitue la source monétaire principale, comme le Nigeria, pour qui l'exportation pétrolière représente 80% de ses rentrées fiscales et un tiers de son PIB.

Un point sur le dollar:

La récente hausse du dollar américain, dû au ralentissement des assouplissements quantitatifs de la FED, joue également un rôle important dans la baisse des cours des matières premières. De plus, le billet vert devrait conserver sa configuration haussière due à la spéculation autour de la relève imminente des taux directeurs de la part de la Reserve Fédérale.


Les facteurs pouvant entrainer un raffermissement des cours:

Cependant, n'oublions pas que la sévère correction à laquelle nous avons récemment assisté est attisé par les spéculations des opérateurs, cherchant à refléter dans les cours de possibles situations encore non avérées. Nous pensons ici au contexte géopolitique au Moyen-Orient qui reste tendu. Souvenons-nous que la guerre en Libye entraine de nombreuses destructions de puits et raffineries pétrolières. Les pourparlers en Iran pourraient également tourner court et engendrer une nouvelle tension sur le marché du Brent par le maintien de quotas agressifs.
De plus, la saison hivernale de l'hémisphère nord devrait relancer la demande pétrolière mondiale.


Conclusion : un Brent sous les 100 USD à long terme ?

De nombreux acteurs participent fondamentalement à la baisse des cours du Brent. La Chine par son ralentissement économique ; les Etats-Unis par leur offre croissante ; et l'OPEP qui ne régulera probablement pas son offre de peur de perdre des consommateurs.
Bien que des arguments techniques et spéculatifs puissent accentuer les tendances, de sérieux facteurs fondamentaux nous permettent d'anticiper un maintien des cours du Brent, sous les 100 USD dans les années à venir.