MUNICH, 19 février (Reuters) - L'Onu et les parties prenantes aux efforts de paix en Syrie se montrent prudentes sur les avancées attendues lors de la reprise jeudi à Genève du processus sous l'égide des Nations unies en raison des incertitudes entourant la position américaine sur cette question et sur ses relations avec la Russie.

L'émissaire de l'Onu, Staffan de Mistura, a déclaré devant la conférence annuelle sur la sécurité à Munich que le manque de clarté dans la position des Etats-Unis compliquait l'émergence d'une solution dans un conflit particulièrement complexe.

"Je ne peux pas vous dire (si cela marchera) mais nous devons profiter de la tendance. Aucun cessez-le-feu ne peut durer sans solution politique", a-t-il déclaré en référence à la fragile trêve mise au point par la Russie et par la Turquie à Astana au Kazakhstan.

Les questions sont nombreuses sur la stratégie qu'entend adopter la nouvelle administration américaine, en particulier concernant la collaboration que Donald Trump veut mettre en oeuvre avec la Russie dans le combat contre le groupe Etat islamique.

"Ce qui me manque pour le moment, c'est une stratégie américaine claire", a déploré De Mistura. "Où en sont les Etats-Unis (à propos de la solution politique) ? Je ne peux pas vous le dire car je l'ignore".

Cette reprise du processus sous l'égide de l'Onu intervient après une interruption de neuf mois et plusieurs tentatives infructueuses qui avaient seulement conduit à un accroissement des violences.

Bachar al Assad est dans une position de force inédite depuis le début du soulèvement en mars 2011 et ne semble pas prêt à des concessions comme le laissent supposer ses déclarations la semaine passée sur la nécessité de lutter contre les "terroristes".

Des responsables américains ont exclu une coopération avec l'armée russe tant que Moscou n'aurait pas convaincu le régime syrien d'une approche différente, ont indiqué des diplomates européens.

De Mistura a indiqué que les discussions porteront sur la rédaction d'une nouvelle Constitution, sur des élections libres et impartiales sous contrôle de l'Onu et sur une gouvernance transparente et responsable.

Plusieurs délégués ont demandé à De Mistura pourquoi l'Onu n'utilisait plus l'expression "transition politique" comme objectif des négociations. Le diplomate n'a pas répondu directement mais s'est référé à la résolution 2254 du Conseil de sécurité qui prévoit les trois points de discussion.

Des groupes rebelles participant aux pourparlers d'Astana ont indiqué dimanche que la poursuite des opérations de l'armée syrienne hypothéquaient le respect du cessez-le-feu russo-turc.

(Pierre Sérisier pour le service français)